Soutien à la mobilisation des maçons

Le 21 octobre prochain, les maçons manifesteront à Lausanne et Olten, deux jours avant la prochaine séance de négociation prévue avec la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE). L’actuelle convention collective nationale, qui concerne environ 80 000 salarié·e·s en Suisse, arrive à échéance fin 2018. Un premier tour de chauffe pour peser sur les négociations à venir.

Pour une augmentation des salaires de 150 francs

On s’en souvient, la mobilisation pour le précédent renouvellement conventionnel en 2016 n’avait donné lieu à aucune augmentation de salaire. Alors axée sur le sauvetage de la Fondation pour la retraite anticipée (FAR), celle-ci visait à pérenniser les rentes avec une majoration des cotisations supportée à hauteur de 1.5 % par les employeurs et de 0.5 % par les employés. Fin 2015, les négociations avaient pu aboutir sur une victoire en demi-teinte, sauvant la FAR, mais donnant également lieu à une perte de salaire réelle pour tous les travailleurs, qui voyaient leurs déductions sociales augmenter sans amélioration de leur salaire brut.

Ces cinq dernières années, dans le secteur principal de la construction, les salaires ont progressé de moins de 1 %. Alors que les primes d’assurance maladie, les loyers et la productivité horaire n’ont cessé d’augmenter durant la même période, le pouvoir d’achat des salarié·e·s du gros œuvre s’est effrité. Réunis en Landsgemeinde à Berne le 17 juin dernier, les maçons ont donc décidé de réclamer une augmentation des salaires de 150 francs et une amélioration des indemnités repas et de transport.

Contre la précarisation du travail

Première visée, la stagnation des salaires n’est pas la seule problématique à laquelle font face les maçons. Des scandales toujours plus nombreux ont marqué ces dernières années, qu’il s’agisse du licenciement des travailleurs de plus de cinquante ans, ou du recours de plus en plus fréquent au travail temporaire ou à des sous-traitants peu scrupuleux.

Disposant d’une des meilleures conventions de branche de tout le pays, le secteur principal de la construction se voit ainsi confronté dans les faits à une précarisation du travail qui charrie son lot d’effets pervers. Si les maçons jouissent de meilleurs conditions cadres que dans d’autres secteurs conventionnés, c’est qu’il existe une tradition de lutte syndicale dans le bâtiment, qui a permis aux travailleurs d’arracher ces progrès sociaux. La précarisation du travail, et en première ligne la multiplication des contrats temporaires, fragilisent cette combativité en portant atteinte à l’unité des travailleurs, lesquels ne s’exposent pas aux mêmes risques en prenant part à la lutte. Sans heurts, et avec plus d’efficacité que les licenciements anti-syndicaux, le développement du travail temporaire pourrait ainsi à terme compliquer la mobilisation des salariés du bâtiment si les syndicats ne parviennent pas à l’enrayer.

A l’image de la fonction publique, les conditions de travail dans le secteur principal de la construction fonctionnent comme une valeur référence pour tout un pan de l’économie privée. Le soutien aux mobilisations du bâtiment n’est pas seulement nécessaire comme acte de solidarité avec des travailleurs, il est essentiel pour poser les jalons d’une résistance de l’ensemble des salarié·e·s.

Audrey Schmid