Swisscom: en grève pour être entendu…

Swisscom: en grève pour être entendu…

Mardi à midi, c’est plusieurs centaines d’employé-es, des différents branches du géant bleu, qui ont manifesté dans les grands centres urbains de Suisse. Les salarié-es s’opposent au millier de licenciements annoncé la veille par la direction. Nous étions présents à Genève au côté des travailleuses et travailleurs en colère.


Alors que la santé financière de Swisscom n’a jamais été menacée (on annonce, depuis la «privatisation» de 1998, des bénéfices annuels de 3,2 à 4,5 milliards), l’entreprise a déjà dégraissé 4000 postes de travail depuis le passage à l’économie de marché.


Alors que la crise économique fait rage en Suisse (on vient de repasser la barre des 130000 chômeurs), une entreprise, aux mains de la Confédération et sous la responsabilité du «socialiste» Moritz Leuenberger, considère qu’il faut privilégier le maintien de la rente du capital (les dividendes) contre les places de travail. Pour les 17000 employé-e-s, «malheureusement» encore en emploi, le patron Jens Adler, payé 1,8 million par an, vient d’indiquer que ce sont encore plus de 1000 collaborateurs et collaboratrices qui devront se trouver un autre job en 2003.


Le patron explique notamment que la division Enterprise Solutions a subi un revers important sur les neuf premiers mois et que la chute du bénéfice opérationnel est telle qu’il faut réduire les coûts par des coupes claires. En d’autre temps, l’on nous a expliqué qu’il fallait séparer La Poste des Telecom car, à chacun sa spécialité. Alors que l’entité PTT faisait des bénéfices, l’on a pu démontrer que la poste ne fonctionnait pas. Elle perdait des millions en pagaille. On sait aujourd’hui que La Poste continuera à perdre de l’argent et que parallèlement les usagers poireauteront de plus en plus devant les guichets. A force de dégraisser, Swisscom manquera tôt ou tard de personnel pour faire face à l’entretien de son réseau et au maintien d’un service public cohérent et de qualité.


Ainsi, ce sont près de 400 travailleuses et travailleurs de toute la suisse romande qui sont descendu à Genève pour marquer leur volonté de résistance. C’est à la fois peu et beaucoup. Car celles et ceux qui se sont déplacés ont répondu à un appel lancé 24 heures auparavant. Face aux échéances de renouvellement de la convention collective pour 2004 et de la défense des emplois, les collègues auront beaucoup à faire. Cependant si les directions syndicales n’envisagent pas d’autres formes de lutte que, toujours et encore, le maintien d’une paix relative du travail, il y a fort à parier que la direction générale de Swisscom continuera, sans coup férir, à sacrifier les emplois sur l’autel de la rentabilité et de la rétribution des actionnaires. Ce mardi matin dans les rangs des manifestant-es, malgré les applaudissements aux différentes prises de parole et messages de soutien, un mot d’ordre traînait dans les rangs: «…il faut faire grève pour que l’on nous entende!».


Olivier SALAMIN