Faire la grève ne passe pas à Neuchâtel

On croit rêver! 22 personnes employées par l’Hôpital de la Providence ont eu le courage de s’élever contre leur employeur qui avait décidé de supprimer la convention collective de travail à la fin de l’année 2012. Il fallait être d’autant plus courageux pour tenir jusqu’au bout et ne pas plier devant l’énorme pression qui pesait sur chacun·e des grévistes. Après leurs licenciements, ils et elles avaient l’espoir qu’au bout du compte la justice leur donne raison. Car le droit de grève est garanti par la Constitution fédérale.

Et bien non! Le jugement qui vient d’être rendu dit tout le contraire. L’employeur de l’époque apparaît comme ayant tout fait pour réintégrer les salarié·e·s qui avaient eu l’outrecuidance de remettre en question la décision prise. Cela voulait bien sûr dire se passer d’une convention collective qui touchait et touche encore l’ensemble des employé·e·s du domaine de la santé (sauf pour le groupe GSMN qui a repris la Providence).

Le jugement qui vient d’être rendu parle du principe de proportionnalité. Les grévistes n’auraient pas dû tenir aussi longtemps (71 jours) et encore moins dans une structure hospitalière. En fait, ce qui compte, c’est qu’une grève gêne le moins possible un employeur, même si celui-ci n’a que faire de la raison pour laquelle des employé·e·s décident de prendre de tels risques.

Il est assez pathétique de lire dans la presse (qui cite le jugement) que les grévistes ont été licenciés «en désespoir de cause» par l’employeur qui aurait tout tenté pour les réintégrer. Sauf bien sûr de revenir sur sa décision de supprimer la CCT santé 21.

Tout cela est très triste et incompréhensible. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il y aura recours contre ce jugement. Mais cela demande de réunir de nouvelles forces et de trouver les moyens financiers nécessaires pour continuer cette lutte légitime…

François Konrad