Pas de goudron, pas de sang pour le pétrole

Pas de goudron, pas de sang pour le pétrole

Le 18 novembre dernier, un navire poubelle à simple coque de plus de 25 ans d’âge sombrait au large des côtes de Galice libérant quelque 150 tonnes de brut par jour dans l’océan. Il appartenait à une société libérienne, battant pavillon des Bahamas, exploité par un armateur grec et affrété par la Crown A.G., une filiale suisse du conglomérat russe Alpha group. Nous avons nommé les courtiers habituels du capitalisme mondialisé, dont les grands groupes industriels du Nord ont besoin pour accroître leurs profits. On ne s’en étonnera pas: tout cela semble apparemment légal!


En même temps, le gouvernement des Etats-Unis, révélait sa nouvelle doctrine militaire de «guerre sans fin», au besoin «préventive» et «unilatérale», «contre le terrorisme». Ces bruits de bottes assourdissants étaient à la mesures des véritables enjeux des guerres du pétrole en cours, pour le contrôle des principales réserves du globe et, au-delà, pour l’affirmation d’une domination prépondérante des intérêts des grands groupes US sur le monde.


D’un côté, les coûts de transport internationaux du brut ont diminué de 30% en dix ans, au détriment de la sécurité de l’environnement, mais aussi des conditions de travail des employé-e-s de la navigation, rapportant d’énormes profits au traders, armateurs, banques et autres bénéficiaires des paradis fiscaux, notamment helvétiques. C’est ainsi que la Crown A.G. a porté son capital de 200 000 à 90,7 millions de francs dans ces trois dernières années!


De l’autre, la main-mise à long terme des compagnies pétrolières anglo-états-uniennes sur les réserves connues a justifié la plupart des conflits armés récents, pour autant que l’on regarde au-delà des écrans de fumée dressés par la propagande officielle, dont les accents humanitaires, démocratiques ou anti-terroristes sont repris servilement par les médias, y compris européens. La Busherie que préparent aujourd’hui les Etats-Unis, avec la complicité du travailliste Tony Blair, après douze ans de bombardements et d’embargo aux conséquences génocidaires, est la plus cynique de toutes. Nous devons tout mettre en œuvre pour empêcher son escalade annoncée!


Que faire dans l’immédiat? Pour dénoncer les conséquences criminelles d’un ordre légal soumis aux intérêts du capitalisme globalisé, braquer le projecteur sur la place financière helvétique, sur son secret bancaire et son fédéralisme fiscal, qui encouragent la sous-enchère,

l’évasion et la fraude, suscitant le développement de paradis fiscaux comme Zoug (une société anonyme par ménage!). Nous y sommes d’ailleurs allés manifester, samedi dernier, avec nos ami-e-s de l’Alliance socialiste verte (SGA) (voir p. 16). Occuper les rues de Davos, le 25 janvier, contre le réduit international des global leaders de la planète. Ensuite, défendre des mesures politiques concrètes, comme la suppression du secret bancaire ou la taxation fédérale des grosses fortunes et successions, même s’il s’agit de combats difficiles.


Enfin, pour barrer la route à la guerre contre l’Irak et défendre les intérêts des peuples palestinien et kurde, il nous faut encore développer les mobilisations en cours, dans la rue (le 18 janvier à Genève et le 15 février à Berne), dans les écoles et sur les lieux de travail. Nous devons dénoncer son illégitimité, mais aussi son illégalité, au regard du droit international. Les Etats européens, mais aussi la Suisse, doivent être systématiquement interpellés pour qu’ils se désolidarisent de Washington. Rien n’est encore perdu. Les va-t-en guerre doivent savoir que cette guerre pourrait leur coûter très cher politiquement, en terme de développement d’un puissant mouvement anti-impérialiste, articulé au mouvement alter-mondialiste, à l’échelle internationale.


Jean BATOU