Dans la rue contre Monsanto

«Agriculture durable», «travailler avec les agriculteurs», «préserver l’avenir de la planète»… De telles formules défilent en cascade sur le site internet de Monsanto, géant des semences transgéniques et des pesticides toxiques. A l’image du lobby de l’industrie nucléaire, les multinationales actives dans le domaine des organismes génétiquement modifiés (OGM) sont passées maître dans l’art de promouvoir le respect de l’environnement, tout en provoquant certaines des plus violentes perturbations de notre écosystème. Stérilisation des sols, destruction de la biodiversité, infections des denrées alimentaires, voilà le bilan réel de cette société. Déconstruire sa propagande et condamner sa politique est une nécessité absolue. La marche du 21 mai prochain en est une belle occasion.

1500 personnes pour protester l’an dernier contre la politique de l’entreprise multinationale de Monsanto, dans les rues de Morges où son siège est installé. Une affluence aussi surprenante que positive, et qu’il s’agit au moins de réitérer cette année. Car depuis, les pratiques du colosse américain de l’OGM ne se sont pas améliorées, loin s’en faut.

En effet, Monsanto ne cesse d’accumuler les procès pour abus de propriété, fraudes scientifiques ou intoxications, en témoignent par exemple les procédures entamées en septembre 2015 contre la multinationale à Los Angeles et à New York par des travailleurs·euses agricoles ayant développé des cancers des os ou des leucémies en raison de leur manipulation du Roundup, l’herbicide le plus largement diffusé par Monsanto (Libération, 2 décembre 2015).

Et à raison, tant la liste est longue des produits mortifères distribués par la multinationale: PCB, agent orange, dioxine, OGM de toute sorte, aspartame, hormones de croissance, herbicides (Lasso et Roundup)… Nombre de produits qui ont fait la fortune de ses actionnaires, et qui se sont révélés être autant de scandales sanitaires ou écologiques, sans pour autant mettre en péril la santé économique de la société, dont le dernier exercice comptable a révélé un bénéfice de 2,31 milliards de dollars. Un chiffre néanmoins en baisse de 15 % (en partie due à la forte croissance des charges juridiques et marketing), par lequel elle justife le limogeage de 2600 employé·e·s d’ici 2018 (Bilan, 7 octobre 2015)

Monsanto demeure ainsi un groupe industriel qui combine les caractéristiques de l’agro-business mondialisé, du bilan environnemental des plus noirs, des pratiques de barbouzes par l’espionnage scientifique, et de la logique du profit maximum à court terme. Un profil adoubé par les autorités cantonales et fédérales, qui s’enorgueillissent d’offrir de formidables possibilités d’évasions fiscales, sous prétexte d’attractivité économique.

Et si les statuts spéciaux offerts à de telles multinationales risquent de disparaître avec le vote de la troisième réforme de la fiscalité des entreprises (RIE 3), il y a fort à parier que les nouveaux privilèges fiscaux prévus dans ce projet octroieront aux apprentis sorciers de l’OGM des possibilités encore plus folles de défiscalisation. Déduction des bénéfices générés par les brevets et les patentes, possibilité de retirer du profit imposable jusqu’à 200 %, 300 % voire 400 % des dépenses investies dans la recherche et le développement, voilà deux mesures qui devraient permettre à Monsanto d’approcher le 0 % d’impôt sur le bénéfice (cf. Notre Cahier émancipationS du nº 277). Tout va bien, circulez, rien à voir…

En automne 2015, le «Tribunal Monsanto» s’est créé à La Haye (Pays-Bas). Si ce dernier n’a pas de valeur juridique réelle, il vise à un travail sérieux de condamnation. «Le Tribunal Monsanto n’est pas qu’un tribunal d’opinion, mais un vrai tribunal avec de vrais juges et avocats en robes, qui examineront de vrais chefs d’inculpation établis avec les vrais outils du droit international» ; son objectif large est de dénoncer «toutes les multinationales et entreprises qui ne sont mues que par la recherche du profit et qui, de ce fait, menacent la santé des humains et la sûreté de la planète» (Libération, 2 décembre 2015).

solidaritéS soutient pleinement cette démarche, ainsi que l’appel à la mobilisation du 21 mai à Morges. Nous refusons de laisser de telles exactions et une pareille complicité des autorités helvétiques se poursuivre sans résistance.

Pierre Conscience

 

Marchons contre Mon$anto
samedi 21 mai
14 h 30
Grand-Rue
Morges