La solidarité est un délit puni par la loi

Ce jeudi 14 avril, la députée socialiste tessinoise Lisa Bosia Mirra a été condamnée par la justice à une peine de 80 jours-amende avec sursis. Elle a également écopé d’une amende et devra s’acquitter des frais de justice. Son infraction? Avoir facilité l’entrée de migrant·e·s en Suisse.

Lisa et d’autres bénévoles  militent activement depuis l’été dernier auprès des centaines de réfugié·e·s bloqués à Côme, car la Suisse refuse de leur ouvrir ses portes ou de les laisser traverser son territoire. Ils.elles ont apporté régulièrement des repas, ont documenté les refoulements et accompagné les migrant·e·s à la frontière italo-suisse.

L’enfer de Côme

Côme, située à la frontière sud de la Suisse après Chiasso, représente un passage obligé pour de nombreuses personnes qui veulent demander l’asile en Suisse ou se rendre dans un autre pays d’Europe. Elle a été fortement médiatisée l’été dernier, quand des centaines de personnes sont arrivées et ont dû s’établir dans le parc et la gare de la ville, suite à leur refoulement par les autorités suisses. En effet, depuis le mois d’août, les autorités helvétiques n’entrent plus en matière sur les demandes d’asile, renvoyant systématiquement vers l’Italie.

Passé la saison des projecteurs, le drame persiste. A la fin de l’été, les campements ont été bannis et les militant·e·s interdits de poursuivre leur action. Mandat a été donné à la Croix-Rouge et à Caritas de prendre en charge les personnes dans un camp de transit militarisé, duquel juristes et bénévoles sont exclus. Ce camp est plein à craquer, comptant environ 350 personnes, dont plus de 200 mineur.e.s particulièrement vulnérables face aux agressions, aux vols et à la prostitution. En outre, entre 50 et 100 personnes restent dehors chaque nuit.

En pleine connaissance de cause, la Suisse continue malgré tout de refouler les migrant·e·s à sa frontière, faisant fi de tous les accords et de toutes les conventions européennes.

Le véritable crime: le refoulement

Le renvoi forcé depuis l’été de milliers de demandeurs·euses d’asile de Suisse vers l’Italie a été ouvertement dénoncé, ainsi que les contrôles au faciès, l’excès de zèle des gardes-frontières helvétiques et le refoulement de mineur.e.s non accompagnés. En refusant de laisser des migrant·e·s solliciter l’asile, les gardes-frontières violent le droit suisse.

Plusieurs milliers de cas de réfugié·e·s renvoyés de force, illégalement, vers l’Italie ont aussi été pointés du doigt. Pour les mineurs, soumis au même régime, cela correspond à une violation de la loi sur l’asile, qui met en avant la protection de l’enfance. Dans les cas où ces enfants ont de la famille en Suisse, l’intérêt supérieur de l’enfant est purement et simplement bafoué.

C’est en dénonçant et en se battant contre ces refoulements honteux, que Lisa a été arrêtée. Avec un autre bénévole, elle avait aidé 4 jeunes migrant·e·s à passer la frontière le 1er septembre dernier afin de déposer leur demande d’asile, ce que les gardes-frontières leur refusaient. Cette condamnation est une preuve de plus de l’absence d’humanité helvétique.

Si la justice suisse souhaite tant distribuer des amendes, nous ne pouvons que lui suggérer de s’intéresser à ses propres autorités, à commencer par la Conseillère fédérale Sommaruga, pour non-assistance à personne en danger. Face aux agissements scandaleux de la Suisse, la solidarité n’est pas un crime, c’est une nécessité!

Aude Martenot