Dossier PV 2020

Dossier PV 2020 : Prévoyance vieillesse, quels autres horizons?

La Prévoyance vieillesse s’est lentement et laborieusement construite au fil du temps. Depuis les prémisses de l’AVS dès le premier quart du 20e siècle jusqu’au Plan de Prévoyance 2020, qui nous occupe actuellement, elle a subi de nombreuses mutations.

En gestation depuis 1964, c’est en 1972 avec l’échec de l’initiative «Pour une véritable retraite populaire», que son contreprojet a inscrit dans la Constitution fédérale le système des trois piliers sur lequel est fondé le système de prévoyance retraite. Un modèle qui a sans conteste montré ses limites, ses failles.

Un démantèlement nommé «compromis»

Revendiquée et défendue par les travailleurs·euses, par le peuple, la prévoyance vieillesse, dans sa pleine acception, vient de subir avec le PV 2020 un nouveau revers. Le coup qui lui a été porté ne vient malheureusement pas uniquement des ennemis ordinaires de la protection des travailleurs·euses, mais également des partis nationaux du PS et des Verts, et des grandes centrales syndicales.

Ainsi, au nom d’un pragmatisme de mauvais aloi, ces derniers ont accepté – contre de piètres compensations – des concessions coupables. Ils ont ce faisant renforcé les pans les moins sociaux de la prévoyance vieillesse: ils ont péjoré les rentes LPP et en ont augmenté le caractère lucratif. Pire, ils ont pesé de tout leur poids dans la décision des Chambres fédérales. Aujourd’hui, ils tentent par tous les moyens de juguler leurs bases, largement opposées à ce préjudiciable compromis, pour les empêcher de prendre publiquement position en faveur du référendum.

Un référendum pour de nouveaux horizons

Pourtant, face aux défis posés par le vieillissement de la population et la prochaine nécessité de faire face à l’arrivée à l’âge de la retraite des baby boomers, des alternatives étaient envisageables.

Les rapports de force aux chambres fédérales sont ce qu’ils sont. Faut-il pour autant se résigner, se soumettre? Certainement pas! Il faut changer ces rapports de force et réfléchir parallèlement à d’autres modèles. Nous en avons répertorié quelques-unes. Il importe maintenant que les réelles forces de la Gauche s’en saisissent. Les lancent dans l’espace public pour contrer une réforme qui va à l’envers du bon sens.


Diminution du temps de travail

La rationalisation des modes de production, la mécanisation et l‘informatisation du travail imposent de rompre avec l’illusion qu’il y aura indéfiniment du travail pour tout le monde. Face à ces mutations fondamentales du travail, la diminution et le partage du temps de travail, sans diminution de salaire, restent une revendication première, notamment par l’abaissement de l’âge de la retraite.


Égalité entre hommes et femmes

Un serpent de mer qui nous laisse encore sur notre faim. En dépit de l’entrée en vigueur de la loi sur l’égalité en 1995, celle-ci n’est toujours pas réalisée. Pourtant, l’aspect intrinsèque de justice sociale que revêt cette loi, s’accompagne d’une évidence imparable: Payer le travail des femmes à son juste prix permettrait de renflouer significativement les caisses de l’AVS. Il faut rappeler que les femmes perçoivent 19,3 % de salaires en moins que les hommes. Cela, selon l’OFSTAT, pour un montant de 7,7 milliards de francs. CQFD!


Augmentation de salaire et/ou instauration d’un salaire minimum

Hausser la masse salariale pour permettre aux travailleurs·euses de vivre correctement avec le produit de leur travail permet d’accroître les recettes de l’AVS. La pression vers la baisse des salaires se traduit ainsi par une baisse des rentrées de cotisation.


Taxer le capital

C’est une autre piste à investiguer pour alimenter les caisses AVS. Des milliards de francs sont continuellement soustraits à tout impôt ou autres taxes en raison des politiques complaisantes à l’égard des tenants de l’économie. Il est temps d’en finir avec ces privilèges et de restaurer la justice fiscale et la responsabilité sociale.


Fusion des 1er et 2e piliers

Selon l’article 112 b de la constitution fédérale, «les rentes doivent couvrir les besoins vitaux de manière appropriée». L’article 113 alinéa 2 lettre a stipule quant à lui que «la prévoyance professionnelle conjuguée avec l’assurance-vieillesse et survivants (AVS) et l’assurance-invalidité (AI) permettent à l’assuré·e de maintenir de manière appropriée son niveau de vie antérieur». Deux buts, qui ne sont aujourd’hui plus réalisés. L’AVS seule ne permet plus de couvrir les besoins vitaux sociaux, ce qui explique le développement de prestations complémentaires à l’AVS/AI. Quant aux rentes LPP, elles ne couvrent certainement pas le niveau de vie antérieur, puisqu’elles ne visent en moyenne qu’à une couverture de 60 % des derniers revenus. Un système déficitaire qui ne cesse de se péjorer au profit des banques et des assurances privées. Il est temps d’en changer. C’est pourquoi solidaritéS propose l’intégration du 2e pilier dans l’AVS. (Pour plus de détails sur cette proposition, voir le dossier correspondant sur notre site).