Une autre Europe est possible! - Elle est plus que jamais nécessaire

Elle est plus que jamais nécessaire

Ce 25 mars, on célébrait dans la ville éponyme le 60e anniversaire du Traité de Rome, accord fondateur de l’Union européenne signé en 1957 au Palais des Conservateurs sur la place du Capitole.

Ils·Elles étaient 27 chefs d’Etats et leurs suites, de Merkel à Hollande, en passant par tous les autres, à se retrouver dans une ville en état d’alerte et sous haute sécurité, pour pontifier sous les flonflons sur l’histoire de l’UE et signer une déclaration fignolée sur les «rythmes et les intensités» différents avec lesquels les divers Etats associés pourront ou devront «avancer»… vers ce «100e anniversaire de l’UE» annoncé par le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker. Ce même Juncker dont les Luxemburg Leaks révélaient en 2014 l’implication dans le scandale de centaines d’accords fiscaux conclus par des multinationales avec le fisc luxembourgeois afin d’échapper aux impôts des autres pays européens.

Ce triste sire vient de publier un rapport sur les scénarios pour l’avenir de l’UE: avancer au même rythme, plus vite, moins vite, freiner, accélérer, repartir en marche arrière… telles sont les questions à débattre par le gratin européen.

Rien sur les vrais problèmes, sur la direction du mouvement, sur les réponses à apporter aux questions sociales brûlantes que sont le chômage de masse des jeunes, la crise migratoire, les violences faites aux femmes, les coupes dans le social et les services publics, le changement climatique…

La pensée unique néolibérale et son catéchisme capitaliste restent la doxa absolue qui ne saurait être contestée ou même mise en débat. Ignorant la population et ses problèmes élémentaires, l’UE se présente comme une machine monstrueuse à produire et à renforcer l’euroscepticisme.

Par sa politique étrangère agressive, l’UE a intensifié les conflits dans le monde et induit de nouvelles vagues de migrations forcées. Par sa politique de «gestion» de ses frontières, elle a transformé la Méditerranée en fosse commune, l’asile est devenu l’exception et l’immigration met en danger quiconque fuit les bombes et la misère. Par cette xénophobie et ce racisme institutionnalisés, l’UE a «normalisé» et banalisé les discours et les propositions des formations populistes xénophobes de la nouvelle droite radicale… qui resurgissent comme une épidémie de spectres issus d’un passé noir et brun.

Vidant la souveraineté populaire et la démocratie de toute réalité, éloignant encore plus les décisions politiques du peuple et de ses préoccupations l’UE nourrit les Brexits et les nationalismes identitaires et xénophobes. Avec ses traités successifs propres et sa collaboration aux accords internationaux à la TISA, l’UE a travaillé d’arrache-pied pour incorporer le néolibéralisme dans son corpus législatif fondamental. Le primat des lois du marché et du profit maximum sur les droits humains est un «acquis» communautaire détestable. Par leur gestion de la crise financière, les prétendues élites européennes ont détruit les retraites, nourri le chômage, fait exploser les inégalités et la pauvreté.

Ainsi le combat contre ce projet européen-là s’impose à l’évidence comme une nécessité vitale aux peuples d’Europe et aux salarié·e·s de ce continent. Mais, il nous faut éviter le piège mortel de l’alternative entre une UE néolibérale et un repli national, xénophobe et identitaire… Nous devons tendre nos énergies et nos luttes vers une solidarité de classe internationaliste à l’échelle du continent et au-delà.

Nous devons conquérir et reconquérir, construire et reconstruire une démocratie qui s’exerce réellement localement, régionalement et nationalement, qui ne s’arrête pas aux portes des entreprises, devant laquelle on fasse plier les intérêts du capital… une démocratie qui s’exerce sur les moyens de production et leur allocation, une démocratie qui incarne les intérêts et les besoins de la majorité et qui ne s’arrête pas, non plus, aux frontières nationales.

Nous devons construire une alternative pour l’Europe. Cette alternative a un nom, trahi par trop de crapules au nom de leur ascension au «pouvoir», c’est celui de socialisme… un socialisme fraternel, solidaire, autogestionnaire.

C’est le seul projet européen qui vaille, le seul projet qui plonge ses racines dans la lutte de nos frères et nos sœurs antifascistes et partisans, français, allemands, grecs, italiens, espagnols et de dizaines d’autres nationalités qui ont donné leur sang et leur vie au 20e siècle pour un avenir de paix, de démocratie et de justice sociale en Europe et dans le monde.

Pierre Vanek