Le calvaire des Musa

Walat, Hazna, Slava et Redur Musa (âgés entre 18 et 25 ans) sont une fratrie déchirée par les accords Dublin. Les trois premier·ères avaient été brutalement renvoyés vers la Croatie le 6 septembre dernier, alors que le frère (mineur à son arrivée en Suisse) restait à Genève. Pourtant, jamais ils·elles n’avaient déposé de demande d’asile en Croatie ni même songé à s’y arrêter, n’ayant fait qu’y passer pour se rendre en Suisse où résident plusieurs de leurs oncles et tantes. Tout au long de ces péripéties, la fratrie aura vécu plus de deux ans loin de ses parents et petite sœur.

La famille au complet, réunie à Genève

Après leur départ de Syrie il y a plusieurs mois, les parents et leur fille cadette, Solin, ont séjourné dans des camps en Turquie. Il.elles ne sont parvenus que récemment à traverser la mer. Durant ce périple, Solin, 12 ans, s’est trouvée séparée de ses parents et est arrivée, seule, autour du 10 mars à Genève. Les parents sont finalement arrivés 5 jours plus tard, au plus grand soulagement de la famille. De ce voyage périlleux, il·elles ne peuvent rien raconter, ayant dû rester cachés au fond d’un camion.

Parallèlement, le 11 mars, Walat, Slava et Hazna – entrés à nouveau en Suisse mi-décembre pour rejoindre leur frère – recevaient une deuxième réponse négative à leur demande d’asile et l’avis de leur expulsion vers la Croatie (encore).

Un renvoi insupportable

Au péril de leur vie, les 7 membres de cette famille syrienne sont enfin réunis à Genève. Pourtant, les autorités exigent leur renvoi. Ce, alors que les accords Dublin ont une clause discrétionnaire permettant de l’éviter, comme le souligne l’«Appel contre l’application aveugle du règlement Dublin» que Solidarité Tattes a lancé en janvier, repris depuis par plusieurs collectifs.

Alors qu’une pétition demandant au Canton de Genève de permettre à Walat, Hazna et Slava de rester auprès de leur famille a été signée par 2200 personnes. Alors que le Grand Conseil genevois vient de voter début mars une résolution «pour une application digne et humaine de la politique d’asile», mentionnant explicitement le cas de la famille Musa. Alors que la Suisse s’est engagée à recevoir 1500 Syrien·ne·s en une année, et que ce contingent est loin d’être atteint.

Dénonçons cette politique d’asile destructrice et exigeons des autorités – cantonales et fédérales – de faire preuve d’humanité et de courage, et de tout mettre en œuvre pour que cette famille retrouve un minimum de paix et dignité.

Aude Martenot