Le gouvernement et HNE mis en échec

Le 12 février 2017, le Conseil d’Etat et le Conseil d’administration de Hôpital neuchâtelois (HNE) ont subi une sévère déconvenue.

L’initiative interpartis  pour deux hôpitaux de soins aigus l’a emporté (résultat de la question subsidiaire en cas de double oui) sur le contre-projet gouvernemental: 32,647 oui pour l’initiative (53,8%) contre 28,078 non (46,2 %), 30,418 oui (51,4%) pour le contre-­projet contre 28,800 non (48,6%), la question subsidiaire obtenant 51,1% contre 48,9% des suffrages. Un résultat dû à un vote massif des Montagnes, quoique l’initiative ait obtenu des scores importants au Val-de-Travers (39,2%), au Val-de-Ruz (41,6%) et en ville de Neuchâtel (32%).

Le rouleau compresseur institutionnel (gouvernemental, technocratique et médiatique), ayant fait prévaloir par le passé les avis officiels, a donc connu une sérieuse embardée.

Depuis 12 ans, les autorités neuchâteloises s’étaient comportées comme un éléphant dans un magasin de porcelaine: ainsi, le vote du 24 novembre 2013 (62,3% pour un plan hospitalier équilibré) a été mis à la poubelle. Toute opposition a été fustigée comme « émotionnelle » (Pauline DeVos Bolay, ex-présidente de HNE) ou relevant de « la psychologie collective » (Alain Ribaux, conseiller d’Etat, Libertés neuchâteloises, journal du PLR, 3.2.2017).

Détail piquant, l’article de M. Ri­baux relevait les coups portés à l’équilibre régional, principe pourtant inscrit dans la Constitution: «Décentralisation avortée de l’administration neuchâteloise à l’arrivée de l’OFS à Neuchâtel. Implantation de la maternité unique à HNE-Pourtalès [à Neuchâtel] malgré de réitérées promesses. Déplacement de l’Ecole d’ingénieurs [au Locle], fleuron de la formation, dans la capitale. Investissements publics inégalement répartis» (Libertés neuchâteloises, 3.2.2017). Tout est dit…

Gardons-nous pourtant du vertige du succès. Car il faudra faire respecter le résultat du vote populaire, en veillant à faire allouer les crédits permettant de rénover l’hôpital de La Chaux-de-Fonds (laissé à l’abandon, cf. l’émission Mise au point, 19.2.2017) et en préservant l’aspect public du système hospitalier (sans y laisser entrer le groupe Genolier). Enfin, les droits du personnel devront rester régis par une convention collective (une récente étude de l’IDHEAP a démontré le caractère fallacieux des attaques contre la CCT-santé 21, faites depuis 2012 par Genolier et par le conseiller d’Etat Laurent Kurth).

Hans-Peter Renk