Quelles luttes à venir en 2017?

En entrant dans cette nouvelle année, nous sommes en droit de nous demander de quoi 2017 sera fait? Le centenaire d’Octobre sera-t-il enfin l’occasion de nous offrir des «lendemains cheguevaresques sur d’irrésistibles chevaux sauvages»? Bien sûr, comme l’écrivait Jacques Brel, nous devons nous permettre des «rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns », mais ce doux romantisme révolutionnaire a des limites que nous ne saurions dépasser malgré tous nos efforts. Alors à quoi faut-il s’attendre concrètement pour cette nouvelle année? Quelles luttes vivrons-nous, à quels défis seront nous confrontés et quelles victoires pouvons-nous envisager?

2017 devrait se traduire, du moins en Suisse, par une conflictualité plus élevée entre le capital et le travail. Même si les songes de paix sociale et de fin de la lutte des classes peuvent encore embrumer quelques esprits, et même si les médias bourgeois s’évertuent à détourner notre regard en affirmant que la situation économique sera meilleure en 2017, nous ne saurions être aveuglés au point de ne pas saisir l’importance des combats à venir.

En effet, 2017 devrait constituer une année tout-à-fait particulière du point de vue du rapport de force entre la bourgeoisie et les salarié·e·s de ce pays. Des enjeux fondamentaux seront discutés et pourraient modifier durablement la réalité. Tout d’abord, cette année sera celle de la mère de toutes les batailles actuelles à savoir, la 3e réforme de l’imposition des entreprises (RIE 3). Cette réforme remet fondamentalement en question la répartition des richesses de notre pays en cherchant à accroître massivement les profits du capital au détriment des travailleurs·euses. Elle sera débattue et votée au niveau fédéral en février, mais aussi dans de nombreux cantons dans les mois à venir. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’empêcher le transfert de milliards de francs des caisses des collectivités publiques vers les poches des grands actionnaires. Les milieux bourgeois l’ont bien compris et en font leur priorité.

Un autre combat crucial nous attend au printemps avec le vote sur le plan de prévoyance 2020 (Plan Berset) aux Chambres. La droite, en rangs serrés, prévoit d’accélérer significativement le démantèlement de nos retraites. Ces mesures, outre le fait d’appauvrir massivement de nombreux travailleurs·euses et retraité·e·s, ont pour but d’accroître les gains du capital sur notre dos. Ainsi, les salarié·e·s devront travailler toujours plus pour toucher toujours moins. Et quant au capital, il diminuera encore sa participation aux assurances sociales pour se concentrer sur sa propre accumulation.

En plus de ces combats qui détermineront à quoi seront assignées les richesses créées, nous aurons encore beaucoup à faire sur le front de l’antiracisme tant les questions liées à la préférence indigène et à la libre circulation occuperont la scène politique. Car si les offensives néolibérales sur nos conditions de vie et de travail ont pour objectif d’augmenter les parts de profit des milieux bourgeois, les politiques xénophobes et racistes cherchent avant tout à diviser les travailleurs·euses en les montant les un·e·s contre les autres. Face aux attaques bourgeoises, une classe unie qui affronte les défis de manière solidaire est nécessaire.

La situation est claire, en 2017, la bourgeoisie entend porter un grand coup aux intérêts des salarié·e·s. Cependant si les luttes sont nombreuses, rien ne dit que cela se traduira réellement par une conflictualité à la hauteur des enjeux. Avec la mue du parti socialiste vers un social-libéralisme toujours plus assumé, contaminant également les centrales syndicales, seule notre capacité de mobilisation des militant·e·s de la gauche radicale et syndicale, notre aptitude à faire entendre nos revendications dans l’opinion publique, peut nous permettre de combattre et de remporter des victoires.

Cette capacité ne peut se cons­truire qu’à travers le renforcement de notre organisation tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif et de sa faculté à rassembler toutes celles et ceux qui sont laissés sur le bas-côté de la route. Ainsi, nous appelons l’ensemble des personnes qui souhaitent résister à ces offensives à nous rejoindre. 2017 sera l’année de l’ouverture d’une section à Fribourg. Faisons en sorte que cette excellente nouvelle suscite des initiatives dans d’autres régions. «Là où il y a une volonté, il y a un chemin.»

Pablo Cruchon