Mobilisations en Corée du Sud # 2

Vendredi 9 décembre, 234 député·e·s sur 300 ont voté en faveur de la destitution de la présidente Park Geun-Hye.

La Cour Constitutionnelle a 6 mois pour statuer sur cette décision. Pour la renverser, le vote de 6 juges sur 9 est nécessaire. Or, 6 juges ont été nommés par la présidente elle-même. S’ils n’invalident pas la décision, ces juges feront le nécessaire pour retarder au maximum le verdict de la Cour pour trois raisons: maintenir l’administration gouvernementale au pouvoir – le premier ministre Hwang Kyo-Ahn deviendra de facto président intérimaire, jusqu’aux prochaines élections présidentielles ; épuiser la contestation ; préparer un plan de sortie pour Park, qui bénéficie encore de l’immunité présidentielle et ne peut donc être traduite en justice.

Une heure après le vote, Hwang a déclaré dans un discours public du gouvernement: «J’appelle humblement à ce que le peuple s’unisse maintenant pour que les voix de la rue puissent être sublimées en énergie afin de surmonter la crise nationale actuelle». Autrement dit: rentrez chez vous, cessez de manifester et laissez les politiques gérer cette situation. On n’en attendait pas moins de celui qui est surnommé «la bombe Hwang», en raison de son agressivité et de l’aide apportée au gouvernement en tant que procureur dans plusieurs affaires, notamment celle de l’interdiction du Parti Progressiste Unifié, banni du parlement et dissout en 2014.

Samedi 17 décembre, des centaines de milliers de manifestant·e·s ont bravé le froid à Séoul pour la huitième semaine consécutive. De plus en plus méfiant à l’égard du processus institutionnel de destitution, le comité d’organisation des rassemblements à Séoul maintient l’appel à la mobilisation et déclare qu’il faut, une bonne fois pour toute «régler les problèmes sociaux chroniques, punir les complices [dont Hwang Kyo-Ahn NdA] et appeler à la destitution immédiate de Park». Des comités populaires appellent à des transformations profondes, à la révision du système politique et à la régulation, voire au démantèlement des conglomérats, les chaebols. Le peuple continuera de marcher. Seul un changement par le bas permettra de faire souffler un vent nouveau de justice sociale et démocratique sur la péninsule coréenne.

Thomas Feron