Contrôles au faciès et discriminations raciales

À qui le tour?

Le 19 novembre, entre 600 et 1000 personnes foulaient le pavé de la capitale vaudoise en réaction à la mort d’un jeune homme d’origine congolaise tué par la police à Bex. solidaritéS était présent pour soutenir la famille à travers cette marche pleine de dignité, dénonçant plus généralement le racisme structurel anti-Noir·e·s qui se renforce depuis une quinzaine d’année.

Le Collectif À qui le tour a lancé un appel à une marche pacifique samedi 19 novembre. La marche fut effectivement sereine et digne. Pourtant, deux événements récents, révélateurs de la violence policière à l’égard des Noir·e·s, avaient de quoi susciter la colère des manifestant·e·s. La mort d’Hervé à Bex, tué par balles lors d’une intervention de police, et le passage à tabac à Lausanne d’un jeune d’origine cap-verdienne pris à tort pour un dealer ne sont pas des faits isolés. Ils sont la face visible d’un phénomène bien plus profond: la recrudescence d’actes et de manifestations racistes dirigés contre les Noir·e·s.

Le Rapport sur le racisme anti-Noir en Suisse, 2000–2014, élaboré par le CRAN* le démontre. Ce rapport affirme que, malgré l’apport de nombreuses preuves et témoignages, les autorités suisses ne cessent de faire la sourde oreille face aux multiples abus de leurs polices à l’encontre des Noir·e·s. Il fait état des «dérapages policiers, avec interpellations au faciès, insultes, brutalités, fouilles anales sur la place publique et autres humiliations». C’est tout cela que dénonçaient les manifestant·e·s originaires, pour une grande part, d’Afrique sub-saharienne.

La naissance du Collectif A qui le tour, est une excellente nouvelle pour la lutte antiraciste dans le canton de Vaud. Dénoncer fermement les violences policières est fondamental. Elles sont symptomatiques d’un racisme d’Etat qui s’exprime à divers niveaux et qui provoque un sentiment d’insécurité chez les Noir·e·s.

Au Conseil communal de Lausanne, avec le groupe Ensemble à Gauche (EàG), solidaritéS défend la mise sur pieds d’une instance indépendante de plainte contre les abus policiers, ainsi que l’introduction d’un reçu livré à chaque interpellation policière. Dommage que le PS et les Verts refusent ces propositions. Par ailleurs, les élu·e·s EàG ont mis sur pieds un formulaire de témoignage à disposition des personnes victimes de mauvaises pratiques policières (téléchargeable sur solidarites.ch/vaud)

Pierre Conscience Isabelle Lucas

* Carrefour de Réflexion et d’Action Contre le Racisme Anti-Noir cran.ch