Assemblée féministe à Genève

Assemblée féministe à Genève : Un franc succès

Plus de 400 personnes ont répondu à l’appel lancé par la Conférence Universitaire des Associations d’Etudiant·e·s (CUAE) et différentes associations universitaires féministes, mercredi dernier 2 novembre à Genève. L’auditoire d’Unimail, essentiellement investi par des femmes, était comble. Retour sur cette assemblée à succès.

19h, les participant·e·s, muni·e·s d’un petit sac rempli de flyers d’infos féministes offert par les organisatrices à l’entrée, se serrent et s’installent sur les bancs de la salle. La soirée se déroule en trois temps. La première partie est consacrée à une introduction aux féminismes. Piqure de rappel pour certain·e·s, nouveauté pour d’autres, une première intervenante prend la parole afin de souligner l’importance de ne pas définir les hommes et les femmes* avec des arguments relevant de la nature. Elle aborde également la division sexuée du travail, la sphère productive pour les hommes, la sphère reproductive pour les femmes, division validée justement grâce aux arguments biologiques. Une autre intervenante vient ensuite nous dire quelques mots sur la culture du viol, système banalisant, excusant, et même érotisant le viol dans la culture, les médias, l’école, etc. Pour finir, nous est expliquée la nécessité de prévoir des espaces non mixtes dans certaines situations.

Panorama féministe

En seconde partie de soirée, différentes associations se présentent au public. Tout d’abord l’AEEG (Association des Etudiant·e·s en Etudes Genre), qui vise à thématiser le genre au sein de l’université sous différentes formes, aussi bien par un festival sur le genre, que par des projections de films-­débats. Ensuite, l’AFU (Association féministe universitaire de Lausanne), non mixte, lutte contre les oppressions au sein du campus lausannois et propose une formation afin de s’outiller contre le système patriarcal. Le groupe LGBTIQ* d’Amnesty International fait aussi partie de la liste, avec l’objectif de sensibiliser les étudiant·e·s aux droits humains des personnes LGBTIQ* partout dans le monde.

Le CELVS (collectif d’étudiant·e·s en lutte contre les violences sexuelles et le harcèlement sexuel), en collectant notamment des données sur les cas de harcèlement au sein de l’université, participe à un environnement universitaire plus sécure. Le groupe genre de la CUAE a une large palette d’activités créatives (bricolage féministe, écriture, etc.), cercles de lecture, campagne contre le harcèlement sexuel, entre autres choses. Finalement, la dernière association universitaire présentée, Think OUT (Think Different Think Out), visibilise, travaille à l’inclusion et conseille les personnes LGBTIQ* qui en auraient besoin.

Pour terminer, différentes campagnes féministes, en cours ou prévues, sont présentées. On apprend ainsi que la CUAE compte mettre les questions de genre au centre de la lutte contre l’austérité. Car ce sont souvent les femmes qui sont les plus touchées par ces politiques. Les jeunes sont ainsi très durement frappées par le chômage, mais, plus largement, l’ensemble des femmes est victime des attaques réactionnaires qui accompagnent les politiques d’austérité. La tentative du gouvernement polonais d’interdire l’avortement en est un exemple criant.

Mobiliser… s’organiser

La partie formelle au sein de l’auditoire se termine ainsi, après la rétrospective associative féministe universitaire. Elle laisse place à une « boum » dans le local autogéré des étudiant·e·s (avec notamment une salle non mixte). Si la fin de soirée est très conviviale, on ne peut s’empêcher de regretter que l’assemblée n’ait pas débouché sur une suite concrète. En effet, vu l’ampleur du succès, il aurait été intéressant d’inviter les personnes présentes à un nouveau rendez-vous afin de transformer cette affluence en mobilisation. Une véritable assemblée, laissant la possibilité à chacune de participer et de débattre de mots d’ordre ou de campagnes collectives semblait en effet possible.

Il n’en demeure pas moins que le regain d’intérêt des questions féministes auprès de la jeunesse est un élément réjouissant. Car le nombre de personnes présentes pour cet événement contraste avec la faiblesse des dernières mobilisations à l’université de Genève, y compris durant la grève des services publics, alors que 11 000 personnes battaient le pavé. Le public était constitué essentiellement de jeunes femmes, pour la plupart étudiantes, qui représentent un secteur trop souvent peu représenté dans les mobilisations.

A l’heure où les attaques réactionnaires se multiplient, y compris contre les femmes, ce réveil est plus que bienvenu. Ce constat doit nous encourager à investir davantage encore les questions féministes sous ses multiples formes ; la résolution féministe votée au dernier Congrès de solidaritéS en septembre dernier, bientôt publiée dans les pages de notre journal, en constitue une première étape bienvenue. Les femmes sont les premières victimes aussi bien des politiques antisociales que de la montée des forces réactionnaires. Un véritable projet d’émancipation ne pourra se faire sans la prise en compte des multiples oppressions qu’elles subissent aussi bien que des nombreuses résistances qu’elles mènent.

Zoé Bon

* se retrouve dans l’appellation homme, femme et LGBTIQ, chaque personne se définissant comme tel·le.