Non au renvoi des Musa

Depuis vendredi 2 septembre, le Temple des Pâquis accueillait trois oiseaux de passage sous son toit. Walat, Slava et Hazna, âgés entre 20 et 25 ans, sont des frères et sœurs kurdes originaires de Syrie. Avec leur petit frère Redur, ils·elles ont fui leur pays en guerre et sont arrivés à Genève le 9 octobre 2015, afin de retrouver les quelques membres de leur famille déjà installés en Suisse (des oncles et des tantes, certain·e·s au bénéfice de permis C).

Lors de leur périple pour arriver jusqu’à Genève, les Musa sont arrivés en Grèce puis ont remonté la côte en bus jusqu’en Suisse en passant par la Croatie, où quelques heures ont suffi au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) pour décider, le 31 mars 2016, de la non entrée en matière sur leur demande d’asile, au nom des sacro-saints Accords Dublin. Seul Redur, le cadet des frères, bénéficie d’un permis N qui lui a été accordé en tant que mineur et sa demande d’asile est en cours de procédure.

Le déchirement absurde d’une famille

Malgré le fait que leur famille proche réside depuis longtemps en Suisse, leur permettant une adaptation rapide et sûre au climat helvétique, le renvoi vers la Croatie des trois enfants Musa a été prononcé. Décision absurde, cruelle même, car elle signifie ni plus ni moins que la séparation d’une fratrie qui a déjà subi les éloignements tragiques provoqués par une guerre.

C’est sans compter le soutien d’une partie de la population et notamment du collectif Solidarité Tattes, qui demande à la Conseillère nationale Lisa Mazzone de se prononcer officiellement «marraine» des Musa et de s’opposer publiquement à leur déportation. Seulement, les autorités ont encore jusqu’au mercredi 7 septembre à minuit pour organiser le départ. Cinq jours avant la fin de ce délai, le collectif et les Musa choisissent de ne pas prendre de risque et se réfugient au Temple des Pâquis.

Un jeu d’esquive se met alors en place, afin d’éviter l’arrestation de la famille tout en se dérobant à la «disparition» administrative (qui peut être déclarée par exemple dans le cas d’une absence de plus de 72 heures dans le Foyer) qui repousserait le délai Dublin d’un an. A l’heure où ces lignes sont rédigées, la famille Musa vient d’être arrêtée et placée en détention en attendant l’organisation d’un vol spécial. Le collectif de soutien multiplie les actions et les contacts pour essayer de faire accepter par M. Maudet ou Mme Sommaruga la nécessité de revenir sur cette décision.

Depuis des semaines et même dans le cas d’un dénouement heureux, la famille Musa aura subi l’incertitude du déchirement, du renvoi vers un pays (la Croatie) où les conditions d’accueil sont bien incertaines. Toutes et tous sont épuisés, effrayés et déroutés par le non accueil qui leur est réservé en Suisse, bien loin de ressembler à un système d’asile digne de ce nom.

solidaritéS réaffirme son soutien et son opposition à une politique migratoire dangereuse et absurde, aux renvois Dublin et à tous les renvois que la Suisse se permet de pratiquer, sans tenir compte des êtres humains concernés.

Aude Martenot