Slutwalk

Slutwalk : «La honte doit changer de camp!»

Retour sur les différentes actions menées lors la dernière édition de la Marche des Salopes à Genève.

Samedi 11 juin. 15 h. La place de la Navigation grouille déjà de monde. Les militant·e·s sont au rendez-vous. Le soleil aussi finalement. Les pancartes commencent à s’élever, certains corps se dénudent, les slogans écrits au marqueur fleurissent sur les poitrines, les dos et les ventres, la musique et les discours résonnent, les acclamations et les applaudissements galvanisent, quelques journalistes prennent des photos, les badauds s’attroupent et dégainent déjà leur téléphone portable. On se rencontre, on se sourit, on se retrouve, on se reconnaît, on se salue, on s’embrasse, on s’entraide. Les salopes sont prêtes, pour la quatrième année, à investir les rues de Genève pour faire entendre leur colère et leur détermination à mettre fin aux violences sexistes et sexuelles et à la culture du viol.

Une soirée militante en préambule…

L’édition 2016 de la Marche des Salopes, organisée par l’association Slutwalk Suisse, a débuté le soir d’avant au Théâtre de l’Usine avec sa soirée «BeFortE, sois Strong!». Une before qui a rassemblé en nombre petit·e·s et grand·e·s dans le but de préparer la marche du lendemain mais également de proposer un espace d’émulation féministe et solidaire. La fin d’après-midi, plus family friendly, a été joyeusement animée par les plus jeunes qui ont pu se faire maquiller sur le stand «Dérange ton genre!» ou encore profiter d’un coin lecture où était proposé un choix de livre non-sexistes.

Les auto-proclamées salopes ont ensuite pris le relais et investi avec talent et imagination l’atelier pancartes et slogans en vue de la marche du lendemain. Les traditionnels «Ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule» et «Mon corps n’est pas une invitation!» se sont enrichis des «Dead men don’t rape» ou encore «Et le patriarcat créa la salope pour violer tranquille».

Les performances proposées par les membres du comité de l’association, la production émouvante de l’atelier témoignages et expression libre et la chaleureuse présence du collectif VIVE Valaisan·ne·s contre l’interdiction du port du voile à l’école ont achevé de faire de cette soirée un moment fort de militance.

…et une manif réussie!

Samedi. 15 h 30. Les salopes démarrent leur marche au travers des Pâquis, traversent le pont des Bergues, grimpent la Vieille Ville et rejoignent enfin la Place Neuve. Plus d’une heure trente de manifestation, de chants: «Fortes et fières, féministes et en colère» et de slogans: «Quand c’est pas oui, c’est non dans le but de donner de la visibilité aux violences faites aux femmes et de sonner le glas du patriarcat.

Sur la Place Neuve, les rires, les cris et les poings levés font peu à peu place à une écoute attentive et bienveillante lorsque s’ouvre l’espace de témoignages offert aux militantes, victimes ou survivantes qui souhaitent partager leur vécu. Souvent lourds, parfois revendicateurs, toujours sensibles et émouvants, ces témoignages libèrent la parole et font résonner la voix de celles que la société stigmatise, blâme et réduit au silence. Ces tranches de vie se rejoignent autour d’un même cri: «La honte doit changer de camp!».

Les militant·e·s étaient finalement convié·e·s à achever cet après-midi de lutte solidaire par une soirée festive mais toujours féministe à la Makhno: concerts, DJanes, espace non-mixte (femmes et trans*), etc.

Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour l’année prochaine car il appartient désormais aux femmes de prendre la parole pour raconter leur propre histoire. Il ne faut plus compter sur leur silence mais sur leur rage à le briser et à faire entendre et accepter leurs revendications. Les salopes sont en marche, les salopes sont dans la rue et elles ne s’arrêteront pas.