Marcher pour les droits des personnes LGBTIQ - Rendez-vous le 25 juin 2016 à Fribourg

Rendez-vous le 25 juin 2016 à Fribourg

Les émeutes de Stonewall en 1969, ancêtre de la Pride, lors desquelles des personnes trans* de couleurs se sont révoltées suite à des violences et harcèlements policiers de plus en plus intolérables, peuvent sembler bien loin. En effet, diverses victoires ont depuis émaillé les luttes LGBTIQ (Lesbiennes, Gay, Bisexuel·le·s, Transgenres, Intersexué·e·s et Queer) avec comme figure de proue la légalisation du mariage pour les couples de même sexe dans plusieurs pays ces dernières années. Ces victoires d’étapes, évidemment primordiales pour les droits des personnes LGBTIQ, ne doivent pas nous faire oublier que l’égalité pour les personnes LGBTIQ est encore un horizon lointain

En Suisse, la prévalence des tentatives de suicides est bien plus élevée chez les jeunes LGBTIQ. Non pas parce que nous serions plus malheureux·euses que les autres mais bien parce que vivre dans une société hétérosexiste affecte durablement la santé mentale des personnes non-hétéro­normées. Même l’égalité de droits n’est pas acquise en Suisse : il est encore impossible de se marier entre personnes du même sexe et l’adoption est encore un rêve lointain.

De plus, l’état suisse refuse de protéger ses citoyens LGBTIQ contre la violence qu’ils-elles pourraient subir en refusant d’inscrire l’homophobie comme circonstance aggravante d’un délit – au même titre qu’un délit raciste par exemple. L’oppression institutionnelle subie par les personnes LGBTIQ est donc bien réelle et difficile à planquer sous le tapis.

Les personnes trans* sont victimes d’oppressions spécifiques. Les séries de mesures médicales obligatoires allant de la psychothérapie jusqu’à la stérilisation pour celles et ceux qui souhaitent accomplir une transition, pouvoir changer de nom ou d’état civil, et donc être reconnu légalement, sont parmi les plus criantes. A noter que selon l’association Transgender Network Switzerland, le taux de chômage est de 20 % pour les personnes trans*, ce qui affecte durablement leurs conditions matérielles d’existence.

La récente tuerie d’Orlando représente un douloureux rappel de la réalité de l’oppression et de la violence subies par les personnes LGBTIQ, même dans un pays qualifié de «démocratique».

En effet, bien que le mariage entre personnes du même sexe ait été légalisé au USA l’été dernier, les personnes non-hétérosexuelles ont subi un retour en arrière d’une violence inouïe par la mise en place de plus de 200 lois homophobes et transphobes depuis le début de l’année.

De plus, les différents mécanismes d’oppressions et de discriminations jouant de pair, tels que la race et le genre, font que certaines populations sont plus vulnérables que d’autres. En effet, les femmes transgenres non-blanches sont spécifiquement victimes de l’ultraviolence résultant du croisement de l’hétérosexisme, du patriarcat et du racisme.

Début 2016, le mouvement #BlackTransLivesMatter a dénoncé le fait que l’année 2015 ait été l’une de plus meurtrière pour les personnes trans* non blanches d’apparence féminine. En effet, 21 activistes ont été assassiné·e·s aux USA, victimes de meurtre transphobes et racistes. Pour ajouter à cette situation déjà terrifiante, l’espérance de vie pour une femme trans* noire est de 35 ans, c’est moins de la moitié de celle d’une femme blanche cis-genre (en opposition à transgenre, c’est-à-dire les personnes dont l’identité de genre correspond à celle qui leur a été assignée à la naissance).

La réalité internationale doit nous rappeler que les quelques droits acquis ne sont jamais immuables. Les luttes que nous menons en Suisse doivent être pleinement solidaires des luttes menées à travers le monde contre toutes les discriminations. Il est capital que nos revendications, en Suisse, ne soient pas récupérées à des fins racistes et discriminatoires, telle qu’une justification de politique de limitation de l’immigrations soit disant pour protéger les LGBTIQ des migrants homophobe, sexistes etc. Les luttes LGBTIQ se doivent d’être antiracistes.

Nous devons lutter toutes et tous pour le droit à l’autodétermination de chacun·e. Nous devons toutes et tous pouvoir vivre librement notre orientation sexuelle, notre identité de genre. La visibilisation de toutes les luttes LGBTIQ, de leur diversité et de leur complémentarité est la force de ce mouvement.

C’est pourquoi, nous personnes LGBTIQ et allié·e·s sommes dans la rue ce 25 juin à Fribourg. Nous danserons, crierons, existerons… pour rappeler que nous sommes là, que nous ne laisserons rien passer, que nous sommes fièr·e·s et que toutes et tous ensemble nous nous battons pour une société plus juste où les oppressions liées au genre, à la race et à la classe sociale n’auront plus droit de cité.

Groupe de travail genre et société
(GTGS) de solidaritéS-Vaud