Le bal des hypocrites

Les Panama papers nous apprennent que de nombreuses sociétés neuchâteloises participent à l’organisation de l’évasion fiscale internationale offshore. Certains s’en offusquent: Baptiste Hurni (PS) compte intervenir au Grand Conseil, le procureur général se saisit du dossier. Ne se doutaient-ils donc de rien?

Pourtant un large consensus, du parti socialiste à l’UDC, piloté par la Chambre du commerce et de l’industrie, a révisé la fiscalité neuchâteloise des entreprises en 2011 et combattu le référendum lancé à l’époque, par solidaritéS, Attac, et quelques citoyens, contre le but clairement annoncé d’attirer ceux que l’on appelle dans le langage populaire «les rapaces» et en langage plus politique, les sociétés financières en recherche de discrétion et d’impôts bas. Peut-on dès lors s’étonner qu’elles soient venues?

De l’éducation au vol en bande organisée

L’Etat fait des lois – en espérant en profiter au passage – qui permettent à des filous de voler d’autres Etats en ne payant pas les impôts qu’ils devraient: c’est ce qu’on appelle en termes de justice du vol organisé en bande. Le directeur de l’Institut d’analyse financière de l’Université de Neuchâtel, le professeur Michel Dubois, exprime dans l’Express/Impartial l’opinion des partisans de ces réformes fiscales sans ambages ni pudeur. Il se réjouit que des sociétés financières neuchâteloises soient actives dans ce créneau et estime que «ce n’est pas au canton de Neuchâtel de se préoccuper de savoir si tel ou tel riche qui n’habite pas ici paie ou non ses impôts là où il réside». Pour lui, «c’est de la diversification économique […], un business comme un autre».

Est-ce donc là ce qu’il enseigne à ses étudiant·e·s? La promotion du vol va-t-elle être intégrée dans les programmes scolaires ou déférée à la justice? Les libéraux, qu’ils soient du PS, du PLR ou de l’UDC, ont déjà choisi: le vol en bande organisée par les puissants est non seulement légal, mais hautement recommandable. A court terme, ça paie pour les fortunés. A long terme? Ils s’en foutent.

HVu