Une première victoire vers «Lausanne ville-refuge»

Le Conseil communal de la capitale vaudoise du 24 mai dernier a accepté l’important postulat pour l’accueil des réfugié·e·s «Lausanne ville-refuge» déposé par Pierre-Yves Oppikofer, conseiller communal du groupe La Gauche (POP – solidarités). Pour rappel, ce postulat avait été déposé l’automne passé conjointement à une lettre ouverte du Collectif R et soutenu, notamment, par l’Union syndicale vaudoise.

Ce postulat est important car il demande que la commune de Lausanne s’associe au «réseau des villes refuge» à l’initiative de villes comme Barcelone et Madrid dirigées par la gauche radicale espagnole. Plus concrètement, le postulat demande à ce que la Ville de Lausanne prenne directement contact avec le Secrétariat d’Etat aux migrations pour lui faire savoir que la commune lausannoise serait prête à accueillir au moins 1500 migrant·e·s supplémentaires. La Ville devrait, dans ce sens, mettre en place de nouvelles places d’hébergement directement sous sa responsabilité et participer à l’organisation de l’accueil de réfugié·e·s chez des habitant·e·s disposés à le faire.

Enfin, le postulat demande que la ville déclare que, vu la crise migratoire actuelle et les urgences humanitaires nécessaires, les autorités communales ne prêteront pas leur concours à l’exécution de procédures de renvoi forcé des migrant·e·s ni à aucune mesure de contrainte à leur encontre, sur le territoire de la Ville.

Il faut souligner que la Ville de Lausanne a déjà pris un certain nombre de mesures pour accueillir des réfugié·e·s de manière discrète (mise à disposition de l’ancienne Auberge du Chalet à Gobet, de terrains communaux pour la construction de nouveaux hébergements, implication de la commune dans le Foyer du Chasseron qui accueuille 70 mineurs non accompagnés, etc.)

En se déclarant «ville refuge», la Ville de Lausanne annoncerait clairement la couleur. Cela aurait surtout une grande portée symbolique: Lausanne, commune parmi les plus importantes de Suisse, prendrait ainsi position publiquement et et pourrait faire passer le message à d’autres collectivités. De la même manière que la capitale vaudoise avait, par exemple, récemment rejoint le réseau des villes hors zone TISA. Le postulat «Lausanne ville-refuge» qui a, comme à l’accoutumée, fait bondir la droite, a néanmoins séduit le PS et les Verts. Après un long débat, il a finalement été accepté par 47 oui, 24 non et 6 abstentions. La balle est maintenant dans le camp de la nouvelle Municipalité qui devra indiquer les mesures qu’elle entend proposer pour concrétiser ce postulat du législatif communal. Affaire à suivre de très près.

Jorge Lemos