Un théâtre qui fait rire et réfléchir

La compagnie La Ruche est fondée par de jeunes comédien·ne·s à Genève en 2012 dans la volonté de proposer des pièces de théâtre divertissantes. C’est dans cette optique que la troupe a développé différentes créations qui analysent l’actualité de notre société d’un point de vue critique. Le collectif présentera une nouvelle comédie du 13 au 21 mai 2016 au Théâtre du Vide-Poche à Lausanne. A cette occasion, notre rédaction s’est entretenue avec les trois membres du collectif portant le projet: Sami Khadraoui, Gloria Senderos et Christophe Delesques.

Vos dernières créations ont permis de confronter les spectateurs·trices aux dangers de l’ultralibéralisme et de la propriété intellectuelle, à la surveillance étatique ou aux crimes de multinationales comme Nestlé ou Monsanto. Des sujets très politiques donc, pourquoi une telle démarche?

De la Grèce Antique à aujourd’hui, le théâtre a été un moyen de traiter de sujets qui préoccupent la population, un moyen de lancer des pistes de réflexion et de susciter le débat. Cet art permet de mettre en lumière, c’est le cas de le dire, des éléments de compréhension de l’actualité qui restent aujourd’hui parfois réservés à une élite ou simplement ignorés.

La compagnie la Ruche n’a pas de couleur politique particulière et ne souhaite pas en avoir, mais nous pensons que l’accès au théâtre doit être possible pour tout un chacun et que cet art permet de se questionner sur des sujets complexes de manière sérieuse et/ou décalée, voire humoristique. C’est ce que le spectateur·trice retrouvera dans le spectacle «Puisque rien ne se perd»!

Vos pièces abordent souvent des thématiques peu accessibles, est-ce que l’humour, la poésie ou plus généralement le théâtre sont des outils selon vous apte à conscientiser les individus et à leur permettre de mieux comprendre l’actualité?

En tant qu’artistes et créateurs.trices, nous avons la volonté de faire passer des messages dans nos spectacles pour que le public s’interroge sur son rôle dans des mécanismes qui parfois le dépassent. Nous n’avons pas la prétention de fournir un descriptif exhaustif sur l’actualité mais nous aimons à penser que nos pièces remettent en question des idées reçues. La poésie et l’humour sont une couleur que nous aimons donner à nos spectacles car le théâtre, et c’est important, est également un moyen de se divertir.

De plus, grâce à la poésie et à l’humour, nous pouvons apporter un point de vue frais et surtout non moralisant. C’est de cette manière que nous espérons toucher le public le plus large possible. Nous croyons en la force des images et du rire plus qu’en la force de longs discours théoriques. Et comme le dit notre président: «Rire c’est bon pour la santé!».

Quelle est la réception du public, est-il possible de divertir tout en faisant réfléchir?

Oui! Jusqu’à présent nous avons eu de très bons retours du public (dans différents cantons de Suisse et en France) qui apprécie ce côté «léger» donné à nos créations et qui tout à la fois souligne que des messages forts leur sont parvenus de manière subtile. La clé, c’est ça. Notre précédente création «Resestence!» en est un bon exemple. Quatre résistants se réunissent dans une cave pour faire face à un système qui privatise les droits humains. Jusque-là c’est très sérieux, mais c’est sans compter sur les maladresses des personnages qui amènent un ton très humoristique à la pièce.

Votre prochaine création «Puisque rien ne se perd» aura notamment pour fil rouge la surproduction et la surconsommation de nos sociétés modernes, quelles sont les intentions de la pièce?

Dans notre pièce, le spectateur·trice suit deux étranges personnages vivant dans une décharge et qui ne connaissent les humains et leurs habitudes que par leurs déchets. A travers le duo absurde de Claude et Michel, nous voulons aborder les thèmes de la surproduction et de la surconsommation de manière poétique et comique. Dans un système où les objets ont une durée de vie ultra-limitée et où la quantité de déchets par habitant est démesurée, Claude et Michel donnent de la valeur à tout ce qu’ils trouvent. Leur naïveté permet au spectateur·trice de se questionner sur ses propres habitudes de consommateur·trice sans se sentir sermonné.

Les ouvrages et films qui ont influencé notre écriture sont, entre autres, En attendant Godot de Beckett, L’île au fleurs de Jorge Furtado, Supertrash de Martin Esposito, Nos amis les terriens de Bernard Werber ou encore La Belle Verte de Coline Serreau. En cohérence avec le fil rouge de la pièce, la scénographie est entièrement composée d’objets et de déchets récupérés et reflète ce que jette tout un chacun au quotidien.

Nous nous réjouissons d’accueillir le public au Théâtre du Vide-Poche et nous invitons tous les lecteurs·trices de solidaritéS à venir parler avec nous après le spectacle pour partager leurs ressentis et boire un verre.

Propos recueillis par
Jorge Lemos

Informations pratiques:

Du 13 au 21 mai 2016 (relâche le 17)
Théâtre du Vide-Poche
10 place de la Palud
Lausanne
Portes: 20h
Pièce: 20 h 30.
Prix des places: 15.— (réduit)
25.— (plein)
Réservations:
compagnielaruche.ch