Rapport social 2015

Suite à des motions anciennes de PopVertsSolidaritéS, puis de toute la gauche, le Conseil d’État a finalement publié un état des lieux de la pauvreté et de l’aide sociale dans le canton.

Un tel rapport devra être publié régulièrement pour saisir l’évolution du phénomène. Il est bien précisé qu’«il n’a pas pour vocation de proposer des pistes de réflexion ou de nouvelles mesures visant à réduire la pauvreté, mais de présenter un état de situation factuel et objectif».

Les chiffres sont présentés, le montant global de ce qui est comptabilisé comme prestation sociale (toutes prestations confondues, y compris les rentes complémentaires AVS/AI et les subsides à l’assurance-maladie) se monte à 316 millions pour le canton, 79 millions pour les communes et 107 millions pour la participation de la Confédération. Les 316 millions représentent 15 % du budget cantonal.

L’aide sociale elle-même (pour des personnes à revenu insuffisant qui demandent de l’aide) représente une charge de 46 millions pour le canton et 70 millions pour les communes (répartition 40 %, 60 %).

Le rapport confirme ce qui est connu, 12 500 personnes émargent à l’aide sociale (7 % de la population), dont plus de 4000 sont des enfants de bénéficiaires. Le taux de 7 % de personnes à l’aide sociale est agité régulièrement comme un chiffon rouge pour stigmatiser et dénoncer cette population, alors qu’il est d’abord la conséquence des multiples révisions de la loi fédérale sur l’assurance-chômage et des salaires trop bas. En 2014, plus des deux tiers des bénéficiaires de l’aide sociale de plus de 15 ans travaillaient (25 %) ou étaient à la recherche d’un emploi (43 %). Cela confirme la nécessité urgente d’un salaire minimum, le projet de salaire minimum cantonal étant toujours bloqué au tribunal fédéral par un recours de la droite et des associations patronales.

Le rapport prend acte que de toute évidence, il y a toujours des pauvres dans le canton de Neuchâtel et que la pauvreté est largement une affaire de familles qui n’arrivent pas à assurer la charge d’éducation des enfants. Si le canton avait une politique sociale de soutien aux familles un peu plus généreuse, le nombre de personnes à l’aide sociale diminuerait rapidement.

Augmenter le budget pour la formation et la réinsertion est également une nécessité au vu des 40 % de personnes à l’aide sociale qui sont en recherche d’emploi.

Le rapport ne s’aventure pas sur le terrain des possibilités réelles de réinsertion ou sur les entreprises sociales qui pourraient représenter un second marché du travail, protégé, sans parler du revenu de base universel qui lui ne relève pas d’une politique cantonale

C’est un rapport certes utile, mais c’est ce qu’on en fera qui sera plus intéressant. Et là on retrouvera les oppositions classiques de la droite libérale et nationaliste à un renforcement de la politique sociale.

HvU