Exporter des armes et refouler les réfugiés

Avec une simultanéité qui éclaire les choix de fond de ceux qui gouvernent la Suisse, le Conseil fédéral a pris deux décisions scandaleuses lors de sa séance du 20 avril.

D’une part il a décidé d’autoriser des exportations d’armements suisses pour 147 millions de francs vers plusieurs pays du Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Egypte, Qatar, Emirats Arabes Unis, Koweit, Jordanie, Bahrein). De l’autre, le CF a autorisé le déploiement de l’armée aux frontières suisses, à hauteur de 2700 soldats, en cas d’afflux «massif» de réfugié·e·s. Qu’est-ce qu’ils sont prévoyants, nos sept Sages!

Le cynisme et des doubles standards qui caractérisent l’attitude du pays dépositaire des Conventions de Genève par rapport aux drames des guerres et des réfugiés n’a probablement guère d’égal dans le monde.

 

Financement du matériel de guerre

Sur cette question, les réponses détaillées de caisses de pension à une enquête du GSsA, permettent d’esquisser une tendance générale des choix de celles-ci en matière d’investissements dans l’industrie de l’armement. En moyenne, les caisses de pension investissent entre 0,5 et 1,5 pourcent des avoirs dont elles disposent dans des multinationales de l’armement. Ceci signifie, qu’en Suisse, une somme se chiffrant jusqu’à 12 milliards issus des avoirs de prévoyance est placée auprès d’entreprises contribuant aux conflits armés et aux guerres du monde.

Par exemple, la caisse de pension de la Ville de Zurich investit environ 80 millions dans 42 des 118 principales entreprises d’armement au plan mondial. La caisse de pension de la Ville de Berne détient des placements de plus de 40 millions dans de telles entreprises, la caisse fédérale (Publica) quant à elle, en a pour plus de 110 millions.

 

 

Le GSsA va lancer des initiatives

Dans ce contexte, l’AG du GSsA a décidé ce 9 avril à Soleure de lancer en 2017 une initiative populaire fédérale pour empêcher que de l’argent suisse contribue à financer le commerce et la production d’armes. En attendant, des initiatives communales seront lancées dans plusieurs villes suisses dès l’été 2016, dans le but d’interdire aux caisses de pension des villes d’investir dans les entreprises d’armement. Au final, il s’agit de réclamer un contrôle démocratique quant aux investissements faits au moyen de «notre» argent ainsi que de mettre fin au soutien de l’industrie de la guerre par le biais de «nos» retraites.

Tobia Schnebli