Le droit de vote à 16 ans à Neuchâtel?

Suite à l’échec parlementaire en 2013 d’une motion populaire pour donner le droit de vote aux jeunes de 16 et 17 ans, un nouveau comité se constitue pour relancer ce débat. Pourquoi faire? Nous voulons faire de la politique, nous voulons nous former et adopter rationnellement des positions politiques dès le plus jeune âge.

Les mauvaises langues diront que lorsque l’on n’a pas de projet politique valable, on s’occupe avec des questions de technique institutionnelle, comme le droit de vote à 16 ans… Personne ne doit se faire d’illusion, se battre pour abaisser l’âge de jouissance des droits civiques ne refondera pas le système démocratique représentatif.

solidaritéS participera cependant au comité d’initiative, parce que chaque élargissement du corps électoral est une possibilité de rendre la représentation électorale plus fidèle à la population représentée. Tout en restant conscient·e·s que cette réforme laissera inchangé ce système démocratique hautement imparfait: sans élections programmatiques accompagnées de mandats impératifs, sans possibilité de révocation des élu·e·s gouvernementaux, sans assemblées thématiques représentatives ou encore sans loi sur le financement des partis.

Nous pensons que lancer une telle initiative sera l’occasion de faire campagne pour une politisation de la jeunesse. Ce sera l’occasion de débattre de la manière de remettre de la politique à l’école, de transformer et renommer le très correct, très neutre et très peu politique «Monde contemporain et citoyenneté» qui est le résidu de l’éducation civique dans l’école neuchâteloise. Si à l’âge des écoles professionnelles et du lycée, les jeunes sont des sujets politiques qui peuvent former leur opinion et la faire valoir dans l’institution, il ne sera plus possible d’accuser celles et ceux qui font de la politique «d’endoctriner» ou de «corrompre la jeunesse». Pour solidaritéS et la gauche, laver l’honneur de la politique – ostracisée comme une chose extérieure et réservée à une classe dirigeante et déconnectée – est une nécessité pour pouvoir reprendre l’initiative et l’offensive idéologique!

Le droit de vote à 16 ans a l’avantage de pouvoir être défendu par un discours simple, démocratique et politisant. Le résultat en Autriche, qui l’a récemment introduit, n’a pas été favorable aux forces progressistes, mais c’est une question de programme et de pratique politique, pas d’institution. Voilà enfin une proposition allant dans le sens de plus de démocratie dans le canton de Neuchâtel qui en a bien besoin, alors que le PS et le PLR attaquent sans vergogne les plus petits partis avec leur proposition de circonscription unique et de réduction drastique du nombre de député·e·s.

Dimitri Paratte