Evros - Calais - Lampedusa

Evros - Calais - Lampedusa : Ouvrez les frontières!

4000 mort·e·s en mer Egée en 2015! 4000 décès à cause du mur de barbelés érigé entre la Turquie et la Grèce sur la rive est du fleuve Evros. L'ouverture d'un passage sécurisé les aurait sauvés, mais l'Union européenne et Tsipras préfèrent les laisser mourir que de les laisser entrer dans leur Europe forteresse. 

Face à cette politique raciste des milliers de bénévoles se mobilisent sur les îles pour aider les refugié·e·s. En mettant leur propre vie en péril, ils et elles utilisent de petits bateaux de pêcheurs dans des conditions tumultueuses pour aider ces refugié·e·s qui fuient la guerre. Mais comme l'a dit Efi Lasoudi, bénévole à Mytilène, «Cela ne suffit pas. Laisser ces gens mourir est une décision politique que nous devons changer et leur offrir un passage sécurisé». C'est pour cette raison qu'Efi et des dizaines d'autres bénévoles ont rejoint ce weekend les centaines des manifestant·e·s qui ont voyagé en train et en bus, depuis les quatre coins du pays, répondant à l'appel de KEERFA, pour manifester contre ce monstrueux dispositif.

 

Faire tomber le mur

Dimanche, la ville frontalière d'Orestiada et le village de Kipi ont été submergés par les cortèges qui auraient voulu traverser la frontière pour s'unir aux antiracistes qui manifestaient en Turquie, si les CRS ne les avaient pas empêchés. Finalement grâce à la détermination des manifestant·e·s, les garde-frontières ont dû laisser passer une délégation afin de rencontrer les militant·e·s en Turquie. Sur la frontière, femmes et hommes grecs et turcs se sont réunis, afin de tenir une conférence de presse commune. Des deux côtés la résolution était claire: nous allons lutter pour mettre fin aux camps d'enregistrement, les hotspots, qu'ils soient en Turquie ou en Grèce, nous allons faire tomber ce mur!

La veille, une manifestation au centre de la capitale régionale, Alexandroúpolis, marquait le début d'un magnifique weekend. Plus de 100 syndicats, régionaux et nationaux, ont soutenu cette campagne. Le déplacement, les repas, l'hébergement, les manifestations n'auraient pas été possibles sans leur soutien. Des enseignant·e·s crétois ou de Lesbos, les travailleurs et travailleuses du métro d'Athènes, des médecins, des avocats qui se battent contre Aube dorée (mouvement fasciste, réd), des fonctionnaires, des marins en grève, des organisations de la gauche anticapitaliste et des mouvements antiracistes, des associations militantes de personnes handicapées, ils ont tous et toutes manifesté contre le mur de la honte. Si tous n'ont pas pu effectuer ce déplacement, les assemblées ont délégué un certain nombre de militant·e·s notamment pour porter la banderole de leur syndicat. La réaction de la communauté locale était aussi très impressionnante. Nombreux sont d'ailleurs les syndicats locaux qui ont participé et même animé ce weekend.

Cette lutte s'inscrit dans la longue liste de luttes de la classe ouvrière en Grèce de ces dernières années. Une telle manifestation n'aurait même pas pu être conçue sans les expériences collectives des salarié·e·s, des luttes de longue haleine, pour préserver leur travail, leur salaire, leur dignité. Ces expériences-là, toujours accompagnées par un discours anticapitaliste et internationaliste de la part des militant.e.s, font qu'aujourd'hui le slogan «Ouvrez les frontières pour tous les refugié·e·s et les migrant·e·s» est partagé massivement, même dans des régions qu'on qualifiait traditionnellement de bastions de la droite.

Calais

Au même moment à Calais, là où l'Etat français enferme des milliers de refugié·e·s, plus de 3 000 personnes, migrant·e·s et solidaires venus de Paris et d'ailleurs manifestaient pour le droit des migrant·e·s et des refugié·e·s à circuler librement. Il s'agit de la première manifestation dans la région, depuis «l'installation» des refugié·e·s dans la jungle de Calais. Comme à Evros, grâce à la coordination internationale du mouvement, le cortège était aussi international. Anglais·e·s, Français·e·s, Belges et réfugié·e·s unis sous les banderoles des sans-papiers, du NPA, de United Against Fascism et d'autres mouvements et organisations de la gauche.

 

 

L'Union européenne

Durant ces mêmes jours, les puissants du monde se réunissaient, à Davos. Dans les montagnes suisses, la façade humaniste de Merkel et compagnie s'est écroulée comme une avalanche. Ceux qui, devant la solidarité spontanée des gens ordinaires, se présentaient en septembre comme de bienveillants stoïques s'avèrent maintenant de véritables assassins. Ils exigent que de nouveaux «hotspots», c'est-à-dire de nouveaux camps, soient rapidement installés en Grèce et en Turquie et ils dépensent des milliards pour barricader l'Europe. Ils n'ont pas un sou pour répondre à la crise, au chômage et renforcer les assurances sociales, mais ils trouvent des milliards quand il s'agit de noyer des familles dans la Méditerranée.

 

Organisons la suite!

Ces mobilisations n'étaient que le début, la première étape de notre résolution pour 2016: construire un mouvement antiraciste, coordonné, à travers l'Europe. Notre grand rendez-vous est le 19 mars, journée internationale des manifestations contre le racisme et le fascisme. Ces trois dernières années, à cette date-là, le mouvement a tenté de se coordonner à travers le monde, afin de répondre à la montée des droites ultra et au racisme d'Etat.

En Grèce, en Turquie, en France, en Italie, en Grande-­Bretagne le mouvement se prépare.

Rejoignons-les!

Dimitris Daskalakis