Taxis en colère

Taxis en colère : Uber dans le collimateur

Le 15 décembre dernier à Genève, après les maçons, les fonctionnaires, les acteurs·truces de la culture, ça a été au tour des chauffeurs·euses de taxis de faire monter d’un cran leur mobilisation, par un mouvement de grève d’une journée entière.

Depuis 7 h ce mardi matin-là, et ce jusqu’à minuit, plus aucun des 1500 chauffeurs·euses officiels genevois ne circulait dans les rues de Genève, selon ce qu’a rapporté la Tribune. Dans un communiqué du jour, les chauffeurs·euses de taxi excédés invoquaient leur « droit démocratique et constitutionnel » de faire grève dans le but de dénoncer une situation qu’ils jugent absolument intolérable.

 

 

Quarante pourcent de baisses de revenu

Evoquant une perte de revenus insupportable, dépassant les 40 %, due en particulier à la concurrence sauvage des taxis travaillant pour la multinationale Uber basée aux USA, les chauffeurs·euses en mouvement dénonçaient l’illégalité des pratiques d’Uber et exigeaient que le Département de la sécurité et de l’économie (DSE), dirigé par le Conseiller d’Etat PLR Pierre Maudet, prenne la mesure de la gravité de leur problème et mette en œuvre des dispositions urgentes pour y faire face.

Dans son communiqué, le Collectif des taxis genevois (CTG) écrivait : «A l’heure où l’Exécutif genevois se plaint de la situation des finances publiques, nous nous étonnons que ce même exécutif pousse bon nombre de chauffeurs de taxis à l’assistance sociale tout en tolérant que des sociétés exercent des activités commerciales et proposent des services sans s’acquitter d’aucune charge sociale ou taxe.»

Des pratiques de voyous

Et en effet, les pratiques de la société Uber aux USA sont de nature à justifier les pires craintes des chauffeurs·euses genevois… Qu’on en juge : la presse étatsunienne rapportait par exemple, le 12 décembre dernier, que la société Uber avait balancé la veille sur les smartphone individuels de ses 400 000 chauffeurs aux USA, un contrat électronique « à prendre ou à laisser » par lequel lesdits chauffeurs devaient s’engager à ne déposer aucun recours contre Uber devant la justice étatsunienne… et de ne se tourner – le cas échéant – que vers un système ad hoc d’arbitrage privé et individuel, sans contrôle, ni recours possible.

Les chauffeurs n’acceptant pas sur le champ ce contrat léonin se voyaient dans l’impossibilité d’effectuer toute nouvelle course grâce à l’application Uber. Un licenciement électronique instantané…

 

 

Résistances possibles : l’exemple de Seattle

Mais aux USA aussi, la résistance s’organise, en prenant appui sur certaines collectivités locales, le 15 décembre dernier les médias étatsuniens rapportaient que le Conseil de Ville (City Council) de Seattle venait de voter à l’unanimité un arrêté municipal imposant aux sociétés comme Uber (ou Lyft) de se soumettre à des négociations de contrats collectifs avec leurs chauffeurs·euses et leurs organisations représentatives, auxquelles ces sociétés devront communiquer la liste de leurs chauffeurs.

A Genève, c’est aussi en direction de la collectivité locale, en l’occurrence du Canton, que les chauffeurs se tournent pour exiger une nouvelle loi sur les taxis qui les protège de manière adéquate contre la concurrence sauvage. En l’état, le projet de loi du Département en discussion au parlement ne leur offre pas les garanties qu’ils attendent. Mouvement à suivre donc.

PV