Agressions à Cologne

Agressions à Cologne : Stop au sexisme, stop au racisme!

La nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne et Hambourg continue de faire parler d’elle. Des centaines d’agressions sexuelles contre des femmes ont eu lieu ce soir-là, dont les plaintes font tapage dans les médias. Toutefois, dans les jours suivant les violences, c’est plutôt le mutisme des autorités et des médias qui a été assourdissant, autant que l’incapacité de la police à empêcher ces délits. Cette dernière s’est malgré tout dépêchée de faire courir le bruit, sans preuve, que les responsables étaient des requérants d’asile.

 

Remettons les pendules à l’heure. En Allemagne, les attaques sexistes sont nombreuses, particulièrement lors de grands festivals comme l’Oktoberfest à Munich. Selon le Ministère fédéral des affaires familiales, une femme sur sept a été victime d’une agression perpétrée par un homme, sans distinction d’origine, de religion ou de niveau d’éducation. Cette oppression féminine n’a donc pas attendu 2016 ou l’arrivée massive de migrants pour se déclarer. Au contraire, c’est une composante structurelle de la société capitaliste qu’un sexisme ambiant, pouvant s’exprimer par exemple par des inégalités salariales, multiplie.

 

 

 

Utiliser des opprimé·e·s pour en opprimer d’autres

Au lieu d’un message antisexiste, l’instrumentalisation du drame par le politique et les médias permet de montrer du doigt les prétendus agresseurs, au travers de propos racistes et autres stéréotypes sur les Musulmans et les demandeurs d’asile. Si le gouvernement a d’abord condamné les déclarations de la police et la stigmatisation, le chef de la police a d’ailleurs été suspendu depuis, le discours d’Angela Merkel a pris une tournure quelque peu différente, durcissant sa politique à l’égard des migrant·e·s. De son côté, le groupe d’extrême droite PEGIDA a tenté d’organiser une manifestation samedi 9 janvier contre l’accueil de migrant·e·s. Le jour suivant, deux Pakistanais et un Syrien ont été gravement blessés, alors que les auteurs soupçonnés de ces crimes ont appelé sur les réseaux sociaux à « une chasse à l’homme »

Le battage médiatique et les discours sécuritaires et nationalistes prônés par les partis de droite et d’extrême droite cherchant à stopper l’accueil de réfugié·e·s n’offrira pas de réparation aux femmes victimes des agressions du Nouvel-An. Au contraire, le travail de fond nécessaire pour combattre le sexisme est bel et bien renvoyé aux calendes grecques, et l’égalité entre hommes et femmes encore une utopie, au profit d’un racisme exacerbé.

Aude Martenot