Justice fiscale et défense des services publics

Justice fiscale et défense des services publics : solidaritéS - Pour une alternative à gauche!

Pour une alternative à gauche!

À Lausanne, solidaritéS-Vaud présente deux candidats pour le 1er tour des élections à la Municipalité, le 28 février 2016 : Hadrien Buclin (29 ans), conseiller communal et chargé de cours à l’UNIL, et Pierre Conscience (26 ans), secrétaire de notre mouvement et actif au Collectif R. Nous proposons ainsi aux électrices et électeurs lausannois une alternative clairement ancrée à gauche, face au bilan de la Municipalité rose-rouge-verte sortante. Entretien avec les candidats.

Pourquoi vous présenter à la Municipalité de Lausanne, et pour quelles raisons le faire séparés des camarades du POP ?

Hadrien Buclin: L’élection à la Municipalité comporte deux tours. Il est décisif qu’au premier tour, chaque sensibilité politique s’exprime. Nous aurions aimé mener la campagne communale ensemble avec nos camarades du POP, sur la base d’une indépendance vis-à-vis du PS et des Verts, et en dressant un bilan critique de la Municipalité sortante. Si nous sommes heureux qu’une liste commune pour le Conseil Communal soit acquise, nous regrettons que le POP ait refusé cette unité pour l’exécutif. En effet, leurs militant·e·s ont opté pour un choix tactique différent : partir dès le 1er tour sur un ticket commun avec le PS et les Verts.

Pierre Conscience: D’un point de vue électoral, nous comprenons cette décision. Néanmoins, faire entendre une autre voix, proposer une vraie alternative à gauche de la politique menée par la Municipalité actuelle nous semble plus important que les calculs électoraux, par ailleurs discutables. En effet, je rappelle que c’est une liste POP–­solidaritéS qui avait permis d’élire Marc Vuilleumier pour la première fois, il y a presque 10 ans.

 

François Graf/Strates

 

Qu’est-ce qui vous démarquera de l’actuel exécutif dit «de gauche»?

PC  Au contraire de la politique néolibérale soutenue par les Roses et Verts, nous ferons entendre la nécessité d’une politique ambitieuse de la Ville pour répondre aux besoins sociaux de la population.

Un exemple crucial : à l’heure où toute la classe politique, de l’UDC au PS, défend le projet patronal de baisse massive du taux d’imposition sur le bénéfice des entreprises (RIE 3), nous seront les seuls à dénoncer sans ambiguïté la saignée que ce projet va représenter pour les finances communales. Pour la Ville de Lausanne, les pertes s’élèveront à 60 millions de francs, soit quasiment l’équivalent du budget de l’accueil de jour de l’enfance ! Les plans d’économie sur les prestations de service public ainsi qu’une hausse d’impôt pour les citoyen·ne·s sont donc déjà préprogrammés.

 

 

Et sur des thématiques plus spécifiques à la politique lausannoise ?

HB  Nous montrerons que la ville peut, et peut faire plus pour défendre l’intérêt général, en priorité en termes de logement et d’accueil de jour de l’enfance. Dans ces domaines notamment, le consensus mou, véritable marque de fabrique de l’exécutif lausannois, ne permet pas de répondre à ces besoins.

Face à la dramatique pénurie de logements à loyer abordable, nous proposons de construire exclusivement des logements subventionnés ou à loyer contrôlé sur les terrains communaux. Pour soustraire la construction aux promoteurs et aux spéculateurs, nous demandons aussi la mise sur pied d’une entreprise communale de construction et de rénovation des bâtiments, employant des ouvriers au bénéfice du statut d’employé communal.

Nous refusons tout projet qui – comme celui de la Tour Taoua rejeté en votation par la population, à l’issue d’un référendum soutenu par solidaritéS – fait passer les profits des promoteurs avant les besoins des locataires. Chaque projet de densification doit se faire préalablement en concertation avec les habitant·e·s et locataires des quartiers concernés.

En matière de politique de l’enfance, le bilan de la Municipalité sortante est clairement insuffisant, vu les listes d’attente interminables pour les parents qui souhaitent confier leur enfant en crèche ou garderie. Nous demandons une hausse immédiate de 25 % du budget de l’accueil de jour de la Commune, pour que de nouvelles places puissent être ouvertes à court terme et que les enfants puissent être encadrés par du personnel qualifié et en nombre suffisant.

 

 

En matière de solidarité avec les réfugié·e·s, Pierre-Yves Oppikofer, Conseiller communal LaGauche et membre de solidaritéS, a déposé un postulat pour que Lausanne se déclare «Ville-Refuge». Comment porterez-vous ce message dans la campagne ?

PC  Nous serons les seuls à dire clairement : Bienvenue aux ré­fu­gié·e·s ! L’exigence que Lausanne se déclare « Ville-refuge » et rejoigne ainsi le réseau des villes européennes engagées pour l’accueil des réfugié·e·s sera évidemment au cœur de notre campagne. Nous espérons que d’autres, à Vevey, à Yverdon, à Morges, nous suivent dans cette démarche.

Dans le contexte d’une crise migratoire d’ampleur historique, face à la politique scandaleusement restrictive de la Confédération et du Canton, une Ville de gauche peut et doit mener une politique solidaire, en mettant à disposition des places d’accueil supplémentaires, avec la participation des habitant·e·s. Lausanne doit s’engager à ne plus prêter son concours à la répression de ces personnes. Plus généralement, c’est une vraie politique d’hospitalité, actuellement très insuffisante, qui doit voir le jour.

Entretien réalisé par notre rédaction