Politique fédérale

Politique fédérale : A droite toute!

Dans un éditorial politique combatif, le chef de la rubrique nationale de la Neue Zürcher Zeitung (19 décembre), le très patronal René Zeller, fort d’une nouvelle majorité de la droite dure au Conseil National, appelle à un grand bond en avant dans la libéralisation de l’économie et de la société suisses.

Ironisant  sur la manie de l’étatisme, il relève que la suppression de la vignette pour les vélos a été la seule «grande conquête libérale» de la précédente législature. Et de se lamenter : «L’esprit d’innovation des années 1990, qui ne considérait pas les ouvertures au marché et les privatisations comme tabou, s’est dissipé depuis longtemps». A compter du début des années 2000, ajoute-t-il, c’est le statu quo qui a prévalu, et la crise financière a encore aggravé la tendance à l’inertie.

On peut certes se féliciter, admet-il tout de même, que l’offensive «planificatrice» (sic.) de la gauche (salaire minimum, salaire maximum, harmonisation fiscale) ait échoué. Mais venant cette fois-ci de droite, l’initiative populaire contre l’immigration de masse «a mis notre économie d’exportation à rude épreuve», sans compter la menace d’une nouvelle initiative de mise en application qui plane à l’horizon…

On ne peut que se réjouir, poursuit-il, qu’une restriction excessive de la cigarette ait été refusée en 2012, et que la libéralisation des horaires d’ouverture des stations services ait été acceptée en 2013. Mais, appuie-t-il, il est temps que le civisme libéral fasse un véritable retour en force ! «Tous les partis et les esprits qui se définissent comme libéraux, doivent être de plus en plus convaincus que les sermons du dimanche ne suffisent plus. Ce qui compte, ce sont les preuves par l’acte».

Durant ces dernières semaines, rappelle Zeller, la NZZ a défini les grandes lignes du programme à suivre : il faut avant tout se débarrasser des déficits structurels des caisses publiques (entendre : accroître l’austérité !). «Nous croyons, martèle-t-il, que le changement de rapports de force politiques [avec la nouvelle législature] sont favorables à la relance d’un programme libéral». Et de rappeler le programme électoral commun, signé en mars dernier, par le PLR, le PDC et l’UDC, qu’il s’agit maintenant de mettre en œuvre.

De quoi s’agit-il avant tout ? De l’introduction rapide de la nouvelle réforme de l’imposition des entreprises (RIE 3), du refus de tout nouvel impôt dans les cinq ans à venir, du gel des dépenses de la Confédération au niveau de 2014, du refus de toute nouvelle embauche de fonctionnaire jusqu’en 2019, de la flexibilisation des heures d’ouverture des magasins, de la déréglementation administrative en faveur des entreprises, de la signature de nouveaux accords de libre échange, etc.

Face à un tel plan de combat de la droite fédérale, les mobilisations de la fonction publique genevoise montrent le chemin d’une riposte populaire indispensable : «Grève!, grève! et manifestations!… Voilà la solution!», ont crié pendant plusieurs semaines, les salarié·e·s et usager·e·s du service public du canton défilant dans les rues par milliers. Seule une épreuve de force sociale peut en effet donner un coup d’arrêt à l’arrogance des milieux patronaux, qui sont en train de remonter les bretelles à leurs élu·e·s dans tout le pays.  JB