Priorité aux transports en commun

Priorité aux transports en commun : Le peuple pourra dire oui!

Pendant 7 heures, lors de sa session début décembre, le parlement genevois a débattu du contre-projet à l’IN 154 «Pour des transports publics plus rapides!». L’enjeu du débat était surtout de savoir si les Genevois·es allaient pouvoir ou non se prononcer sur l’initiative en question.

En effet, le scénario de « paix des transports » envisagé comportait un deal selon lequel les Verts devaient retirer leur initiative en échange des «avancées» du «contre-­projet», celui-ci se transformant alors en loi ordinaire. Pour «Ensemble à Gauche» (EàG), le rapporteur de minorité Pierre Vanek s’est escrimé, avec énergie et humour, à dénoncer la manœuvre antidémocratique visant à priver le souverain d’avoir son mot à dire et pour montrer, en proposant une série d’amendements «pédagogiques», les défauts de la loi en débat.

 

 

Des améliorations concrètes toutes refusées

Après le débat d’entrée en matière, notre camarade a poursuivi son marathon en proposant de déclasser le projet de loi en débat pour lui ôter, par un amendement au titre, son statut de contre-projet à l’initiative. Cet amendement (correspondant à la revendication des Verts de n’avoir qu’un contre-projet indirect à leur initiative) a été soutenu par ceux-ci, première faille dans le bloc des partisans du compromis à tout prix.

Puis notre camarade a déposé une série de propositions d’améliorations à la loi : renversement de l’idée qu’on doit «simplement» en matière de transports répondre «à la demande», retrait de la loi de la traversée du lac y figurant comme infrastructure prévue, rétablissement pour les cyclistes des mesures introduites dans la loi par l’IN 144 (pour la mobilité douce) adoptée par le peuple, hausse des dérogations à la compensation intégrale des places de parking supprimées en faveur d’aménagements fluidifiant la circulation, refus de considérer que le parcage pour chacun·e à proximité immédiate du domicile soit une mesure d’encouragement aux alternatives au transport individuel motorisé, refus de la «garantie de la fluidité» de ce dernier comme acceptable en zone de priorité aux transports publics et à la mobilité douce, obligation pour l’Etat et les régies publiques d’introduire concrètement des plans de mobilité axés sur les transports publics, l’auto-partage, le covoiturage, etc.

 

 

Rendez-vous dans les urnes

En fait, EàG a été le seul groupe à défendre dans ce débat, par la voix de Pierre Vanek, une politique de la mobilité de gauche et des transports écologistes. En effet, Verts et PS, engoncés dans la camisole de force du compromis avec la droite, n’ont rien pu proposer dans ce débat.

La droite et l’extrême-droite quant à elles n’ont pas eu ce scrupule : elles ont fait passer la suppression du parking payant (par macaron) pour les deux-roues motorisés que contenait la loi, avec un argument démagogique tendant à supprimer tout payement de place de parc, selon lequel on fait payer des véhicules «à l’arrêt», au moteur coupé, et ne polluant donc pas !

En fin de parcours, la messe était dite. Les Verts ont annoncé le non-retrait de leur initiative et la liberté de vote sur la loi, refusée par la moitié de leur groupe. Le MCG a désavoué Stauffer, qui s’était posé en artisan du compromis, et a voté contre la loi.

Dans un dernier sursaut visant à sauver ce qui pouvait l’être de la loi, Pierre Vanek a reproposé son découplage du refus de l’initiative, par un renvoi en commission, mais rien n’y a fait. Le vote déterminant du PS a écarté cette solution raisonnable. Rendez-vous est donc pris pour l’été prochain dans les urnes, avec un vote pour ou contre la priorité des transports en commun !

Thibault Schneeberger