Tahir Elci est immortel, les martyrs ne meurent jamais

Le 28 novembre, Tahir Elci, avocat des droits humains et président du barreau de Diyarbakir/Amed, était abattu d’une balle dans la tête lors d’une conférence de presse dans les rues de Sur, dans le Kurdistan turc. Un assassinat qui intervient après des semaines de lynchage dans les médias turcs de cet avocat, coupable d’avoir déclaré à la télévision que «le parti des travailleurs kurdes (PKK) n’était pas une organisation terroriste» et d’avoir pris position pour la reprise du processus de paix.

La date choisie par les bourreaux n’est pas un hasard : Elci est tombé le jour même où des centaines de milliers de personnes célébraient clandestinement le 37e anniversaire de la fondation du PKK. Malgré les tentatives maladroites d’Erdogan et de la presse nationaliste turque d’attribuer le meurtre à la guerrilla révolutionnaire kurde, les commanditaires du crime sont connus de tous·toutes. L’assassinat a été perpétré par les ennemis de la paix et du droit à l’autodétermination du peuple kurde. Ces ennemis dont le chef réside dans un palais de mille pièces, alors que dans son pays des centaines de milliers de personnes survivent à peine sous tente dans des camps.

Dans le poème Appel de la tombe du poète palestinien Mahmoud Darwish, les assassiné·e·s demandaient d’enseigner aux enfants leur triste histoire, pour que leur sang entache à jamais les drapeaux des scélérats. Nous raconterons donc l’histoire de l’avocat Elci, ainsi que celle des milliers de victimes du fascisme au Kurdistan turc, pour que le drapeau de l’Etat turc, commanditaire et auteur de ces crimes, de même que celui de l’Union européenne et de l’OTAN, alliés et complices d’Ankara, ne puissent dissimuler leurs crimes. Nous nous joindrons aux dizaines de milliers de personnes qui, il y a quelques jours à Diyarbakir/Amed, en escortant le cercueil de Elci, ont rappelé au ciel que «Tahir Elci est immortel. Les martyrs ne meurent jamais».

Marie Nozière