Un gouvernement honteux et une mobilisation toujours aussi forte

Un gouvernement honteux et une mobilisation toujours aussi forte : La lutte continue

La semaine dernière, pour la deuxième fois en moins d’un mois, Genève a connu trois jours de grève de la fonction publique. Trois manifestations, dont une a rassemblé plus 10 000 participant·e·s, ont été la preuve de la vitalité et de la détermination de ce mouvement. Du côté du gouvernement, seul le mépris et le mensonge pointent…

Après deux semaines consacrées aux négociations avec l’Etat-­employeur qui n’ont pas encore abouti, la mobilisation de la fonction publique a repris de plus belle. Si le nombre de manifestant·e·s est resté très élevé, avec plus de 10 000 personnes rassemblées le mardi 1er décembre, il est nécessaire de saluer l’élargissement du front de lutte. En effet, deux acteurs, jusque-là peu présents, sont venus grossir les rangs de la contestation des politiques d’austérité et de l’attaque frontale contre les services publics, à savoir le milieu de la culture et les associations.

Le collectif « la culture lutte  », emmenée dans le tronçon par l’Usine et un grand nombre d’acteurs·trices de la culture, a fait connaître son profond désaccord avec la politique culturelle et économique du Conseil d’Etat en apportant un vent de fraicheur dans la mobilisation. Quant aux associations, qu’il s’agisse de parents d’élève, d’associations actives dans le domaine de l’anti­racisme, des soins, de l’éducation, de l’accompagnement des personnes handicapées, elles sont venues scander les menaces qui pèsent sur leurs existences par les mesures structurelles prévues par le Conseil d’Etat.

 

 

La bourgeoisie riposte

Si cette magnifique mobilisation a confirmé dans la rue l’élargissement du front de lutte et a gagné en radicalité notamment sur la question de l’imposition, elle provoque des grincements de dents parmi les élites bourgeoises, gouvernementales ou non. Celles-ci s’organisent pour casser le mouvement notamment via leur presse, avec des articles partisans et fallacieux de la Tribune et du Temps qui nourrissent le sentiment anti-fonctionnaire, mais aussi par la voix de leurs représentant·e·s au gouvernement.

Le Conseil d’Etat : entre mauvaise foi, …

Ainsi, dans une lettre à l’ensemble des fonctionnaires, le Conseil d’Etat par la voix de son président, le petit Longchamp, étale sa mauvaise foi, son mépris, tout en n’oubliant pas de menacer (in-)directement les travailleurs·euses en lutte.

Mauvaise foi car ce courageux gouvernement se réfugie derrière des mensonges éhontés pour ne pas assumer les choix politiques qu’il fait dans l’intérêt des classes dominantes. En effet, tout au long de sa longue et pathétique lettre, M. Longchamp affirme que si des mesures d’austérité sont présentées c’est uniquement dû à une conjoncture économique défavorable sur laquelle ils n’ont pas d’emprise. Loin de lui l’idée d’énoncer les multiples baisses d’impôts, notamment des plus fortunés, que son parti et les milieux bourgeois ont imposé durant les quinze dernières années et qui privent l’Etat de 1 milliard de francs annuels. La droite et l’extrême-droite ont détruit les finances de ce canton en enrichissant leurs copains et copines, et s’appuient maintenant sur les caisses vides pour démanteler les services publics afin de continuer de remplir les poches de la bourgeoisie tout en affirmant qu’ils ne peuvent rien y faire  !

… mépris, …

 

Si la mauvaise foi ne doit pas étonner lorsqu’elle sort de la bouche de représentant·e·s des milieux d’affaire, le mépris est une marque de fabrique de cette nouvelle génération de député·e·s et gouvernant·e·s des milieux bourgeois. Ils·elles veulent en découdre et usent de tous les moyens, si peu glorieux soient-ils. En s’appuyant sur le sentiment anti-fonctionnaires qu’ils participent fortement à alimenter, ils n’hésitent pas à opposer la fonction publique à la population et aux plus précaires pour demander de cesser le combat contre le démantèlement du service public. En évoquant la vive concurrence sur le marché du travail et une situation économique fragile, qui est la conséquence directe de leurs politiques contre les salarié·e·s, ils·elles cherchent à affirmer que les travailleurs·euses de la fonction publique sont des privilégiés et qu’ils·elles devraient cesser la lutte immédiatement.

 

Assemblée du 1er décembre 2015. Photo: David Neffin

 

… et arrogance !

Cette lettre se termine par un appel du Conseil d’Etat demandant un effort de la part de la fonction publique pour compenser les pertes fiscales et un arrêt immédiat des mesures de lutte. Si une invitation à une réelle négociation aurait été de bon ton, force est de constater que le gouvernement n’entend pas revenir sur l’objectif de réduction de 5 % des charges du personnel de l’Etat et du secteur subventionné. Il n’entend pas non plus évoquer d’autres solutions comme une augmentation d’impôts des personnes morales ou la réduction des cadeaux fiscaux. Il propose simplement aux travailleurs·euses qui luttent de venir discuter du choix de la sauce à laquelle ils·elles seront mangé·e·s car ils·elles seront, avec les usagers·ères, les seul·e·s à porter le poids des économies. Cet appel vibrant se conclut par la phrase suivante  : «Le temps est clairement venu d’unir nos efforts pour le bien de tout le canton».

 

 

Unir nos efforts pour le bien des classes populaires

Effectivement, l’unité des travailleurs·euses de la fonction publique, du secteur subventionné et du privé dans la lutte est nécessaire, mais pour faire reculer ce gouvernement prétentieux et malhonnête et pour imprimer une autre dynamique à la politique genevoise. La lutte doit se poursuivre et s’intensifier pour défendre l’ensemble des classes populaires contre l’appétit insatiable de cette bourgeoisie arrogante. Alors oui M. Longchamp, les travailleurs·euses de ce canton devront être unis, et s’engager, mais contre vous, votre gouvernement et votre vision de la société. Ensemble nous sommes forts et ensemble nous vous ferons partir  !

Pablo Cruchon

 

Grève et grande manifestation

des travailleurs·euses des secteurs public et privé

> ma 15 décembre, 17 h 30