Une solidarité indispensable avec la lutte des maçons

A l’occasion des grèves du secteur du bâtiment et de la fonction publique, solidaritéS-GE a édité un journal spécial. En voici de larges extraits .

Les nuages s’amoncellent sur la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN). La Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) a choisi la stratégie de la confrontation face aux syndicats en refusant toute négociation et en s’attaquant à la retraite anticipée à 60 ans. Les 80 000 maçons qui bâtissent ce pays en y laissant trop souvent leur santé devront impérativement gagner ce bras de fer s’ils entendent conserver leurs acquis et arracher des améliorations indispensables.

[…] A l’heure actuelle, la SSE a refusé l’ouverture des négociations alors que la CN arrivera à échéance à la fin de l’année ouvrant la voie à un vide conventionnel. (..) Symbole de la détermination patronale, la SSE s’attaque aussi à la retraite anticipée à 60 ans dans la construction. Arrachée après plusieurs grèves nationales il y a dix ans, cette dernière a permis à ce jour à presque 15 000 maçons de partir à la retraite dans la dignité.

Au-delà du symbole, la préservation de cet acquis est indispensable dans un secteur où chaque année un maçon sur cinq est victime d’un accident et où l’on compte une vingtaine de morts par an sur les chantiers en Suisse. En refusant de réfléchir à un financement additionnel pour une période limitée à une dizaine d’années durant lesquelles les départs à la retraite seront plus nombreux, la SSE ouvre sciemment la porte à une augmentation de l’âge de la retraite ou à une baisse des rentes. Une violence sociale inouïe !

 

 

Une situation fortement dégradée sur les chantiers…

 

Sur les chantiers, c’est la précarisation qui est à l’ordre du jour. Délais toujours plus irréalistes à tenir, sous-traitance en chaîne, dumping-salarial, recours au travail temporaire se situant aux alentours de 30 %, licenciement des travailleurs âgés et protection inexistante en cas d’intempéries ; les conditions de travail se sont dégradées de manière très nettes au cours des dernières années. On comprend la volonté de la SSE de reconduire la CN en l’état. Celle-ci n’entrave en rien les pratiques actuelles grâce auxquelles les profits des entreprises ont pris l’ascenseur.

 

 

Et une volonté de se battre

 

Du côté des travailleurs, on sait que rien ne changera sans lutter. Au mois de juin, ce sont près de 15 000 travailleurs de la construction qui ont défilé dans les rue de Zurich pour faire pression sur la SSE et exiger l’ouverture de négociations. Au mois d’octobre, 35 000 d’entre eux ont dit être prêts à faire grève lors d’un sondage syndical réalisé sur les chantiers au niveau national. La bagarre des maçons pour leur convention collective concerne l’ensemble des salarié·e·s de ce pays. Si le patronat passe en force et parvient à imposer un renouvellement conventionnel au rabais dans un secteur connaissant une forte implantation syndicale, c’est l’ensemble du mouvement syndical, déjà sur la défensive, qui en pâtira. Les maçons ne peuvent pas perdre : luttons à leurs côtés !

Tony Mainolfi