Refugees are welcome here!

Le parlement genevois était convoqué le 2 octobre pour traiter de résolutions démagogiques déposés par l’UDC et le MCG, prônant une politique d’asile plus restrictive… A l’appel de StopExclusion, relayé notamment par le SIT, un rassemblement de solidarité avec les réfugié·e·s s’est tenu devant le Grand Conseil, prolongé – spontanément – par quelques militant·e·s déployant à la tribune du parlement une banderole Refugees are welcome here! Au-delà de la protestation, notre camarade Jean Batou notamment, est intervenu dans ce débat pour le groupe Ensemble à Gauche. Extraits.

La résolution«demandant au Conseil fédéral de modifier la répartition entre cantons des demandeurs d’asile et de revoir le montant des Indemnités forfaitaires LAsi» est motivée par des considérants […] visant en fait, à justifier une «non assistance à personnes en danger» prônée avec obstination.

 

Invoquer l’exiguïté du territoire cantonal pour demander que Genève accueille moins d’un requérant d’asile sur 18 en Suisse, […] c’est le vieux slogan de l’extrême droite de l’entre-deux guerres remis au goût du jour : «Das Boot is voll», Par cet artifice « géographique », ces deux partis entendent justifier leur volonté de dispenser Genève d’un devoir de solidarité élémentaire face à un drame humain sans précédent, en Syrie, mais aussi en Erythrée.

Instrumentaliser la crise du logement est hypocrite de la part de partis qui ont toujours soutenu les spéculateurs immobiliers, responsables de la pénurie de logement à des prix abordables que nous connaissons… de partis qui se sont opposés à la défense des locataires et à sa principale disposition législative : la LDTR. Cette argumentation est d’autant plus trompeuse que, […] les requérant·e·s d’asile n’ont pratiquement pas accès au marché du logement.

En réalité, l’insuffisance de nos capacités d’accueil est l’héritage d’une politique de pompier pyromane, tel Blocher qui, lors de son passage au Conseil fédéral, a tout fait pour réduire massivement le nombre de lits disponibles pour l’accueil d’urgence.

Appeler la Confédération à accroître ses dotations financières en faveur de l’asile est une chose, mais pas pour nous dérober à nos responsabilités cantonales, d’ailleurs réduites. Elles devraient au contraire être considérées comme notre part de cet effort de solidarité national et européen que nous appelons de nos vœux.

[…] Enfin, demander la réduction de la part des requérant·e·s dévolue à Genève par la Confédération, soit 5,6 %, est une honte. Elle est en effet déjà très inférieure à la part du PIB Genevois dans le PIB de la Confédération, ou à la part du budget de notre canton par rapport au budget cumulé de tous les cantons. Pour ces raisons, nous appelons à rejeter cette résolution !

 

 

La résolution, intitulée «Politique d’asile: Non au système des quotas de l’UE!», se fonde sur des considérants trompeurs…

 

  1. Pour les 7 premiers mois de 2015, on nous dit que la Suisse a enregistré 2 fois plus de demandes d’asile que l’UE proportionnellement à sa population. Mais on oublie de nous dire que, depuis, cette proportion n’a cru que de 20 % pour la Suisse contre 70 % pour l’UE. Par ailleurs, si on prend le PIB comme terme de comparaison, ce qui est plus juste, dans les 7 premiers mois de 2015, la Suisse n’a enregistré que la moitié des demandes d’asile de l’UE, soit 22 pour chaque milliard de dollars de PIB, contre 37 pour l’UE !
  2. Prétextant une politique d’asile indépendante de la Suisse, UDC & MCG défendent en fait une politique ultra-restrictive. Alors que la Suisse profite des barrières de la « forteresse Europe », en particulier du mécanisme des Accords Dublin, pour renvoyer une part des requérant·e·s vers les premiers pays où ils·elles se sont déclarés (Espagne, Grèce, Italie, Hongrie…), elle refuserait de participer solidairement à l’effort européen d’accueil […]

C’est pourquoi, au lieu de l’invite de UDC-MCG, nous invitons le Conseil d’Etat :

  • à demander au Conseil fédéral que la Suisse renonce aux renvois vers les premiers pays où les réfugiés se déclarent, conformément aux Accord de Dublin […]
  • à demander au Conseil fédéral qu’il s’engage à maintenir au moins la même proportion de demandes d’asile déposées en Suisse par rapport à l’UE qu’en 2009-2013, soit 6,3 %. [au moins 50 000 par rapport au 800 000 attendues dans l’UE]
  • à demander au Conseil fédéral qu’il prenne les dispositions nécessaires pour traiter un nombre au moins équivalent de demandes d’asile en 2015 qu’en 1999, au sommet de la crise de l’ex-Yougoslavie, soit au moins 50 000 contre 30 000 prévues.

Jean Batou