Manifeste de médecins suisses pour un système de santé solidaire

Manifeste de médecins suisses pour un système de santé solidaire

L’Association des médecins indépendants de Zurich (VUA) a lancé fin 2001 l’idée d’un manifeste de médecins en faveur d’un système de santé basé sur les principes de la solidarité. Un texte a été élaboré au printemps 2002, finalisé en août, avec un appel pour les premières signatures.



Ce texte doit servir de plate-forme pour renforcer le réseau des médecins qui s’opposent au courant néolibéral dans la santé. Une priorité s’est dégagée pour le soutien à l’initiative du PSS et de l’USS en faveur d’un financement de l’assurance maladie en fonction du revenu. Le Forum Santé à Genève en a également fait sa priorité pour l’année 2003.



Il ne s’agit donc pas de créer une nouvelle organisation de médecins mais de développer le fonctionnement en réseau, autour d’un texte qui pourra par la suite être enrichi. Ce texte a réuni à ce jour déjà 300 signatures à travers tout le pays. Un élargissement est indispensable. Une conférence de presse à Berne le 31.10.02 a donné une nouvelle impulsion à cette plate-forme. A Genève, par exemple, elle a été adressée à tous les médecins praticiens.



Cette démarche s’inscrit dans la volonté de gagner la prochaine bataille sur l’assurance maladie: le financement en fonction du revenu, qu’il serait enfin possible d’instituer dans notre pays avec l’appui d’une majorité de la population, comme le révèlent de récents sondages.



Gilles Godinat



La liste des premiers signataires et des organisations soutenant cet appel peuvent être consultées sur notre site: www.solidarites.ch


La santé n‘est pas une marchandise

Pour un système de santé de qualité et financé équitablement

Accès pour tous

Ces cinq dernières années les coûts de la santé n’ont pas augmenté plus massivement que le produit intérieur brut (PIB), et se sont même stabilisés à 10,7% du PIB. Pourtant, le désengagement des pouvoirs publics dans le financement a conduit à l’explosion des primes des caisses maladie. Dans les hôpitaux et les EMS, la pression économique conduit à des conditions de travail précaires et à la réduction des prestations médicales et paramédicales. «Le porte-monnaie » décide le plus souvent de l’accès aux soins.


Pourtant, la santé n’est pas une marchandise, mais un bien indispensable à la réalisation des buts de vie.


Par la ratification du pacte 2 de l’ONU concernant les droits sociaux et culturels, la Suisse reconnaît le droit à la santé pour toutes et tous. Ce droit vaut également pour les Sans-papiers; il n’est pas éthique de les exclure des soins médicaux de bases.

Financement équitable

Environ 2/3 des coûts de la santé sont payés par les ménages, en grande partie par les primes par tête. Il n’existe pas d’assurance sociale en ce qui concerne la médecine dentaire. Ce système de financement antisocial de l’assurance de base obligatoire fait que des couches de plus en plus larges de la population ont de la peine à payer les primes de caisses-maladie et les soins dentaires.



Un financement équitable n’est possible que par des primes calculées selon le revenu et la fortune.



A cause des primes par tête, les charges des familles avec enfant ont pris des proportions telles que, d’après les informations de l’OF AS, 25% des familles dépendent des subventions pour pouvoir payer leurs primes. Comme mesure immédiate, il faut:

  • supprimer les primes pour enfants
  • astreindre les cantons à utiliser entièrement les subsides fédéraux
  • rendre obligatoire l’assurance perte de gains.

Conditions de travail

Des conditions de travail et une rémunération convenables des prestataires de soins employés et indépendants est la condition pour un système de santé de qualité. Un personnel stressé conduit à une perte de la qualité de vie des patients et des patientes, des médecins assistant-e-s exténué-es sont un risque pour la sécurité.

Qualité pour toutes et tous


Contre une médecine à deux vitesse et contre le rationnement. Nous sommes pour le maintien d’un large catalogue de prestations dans l’assurance de base.


Il devrait être complété par la médecine dentaire et par les psychothérapies non-médicales. La diminution des prestations médicales de base au profit des assurances complémentaires conduit à une médecine à deux vitesses. Laisser aux caisses-maladie le choix des médecins, c’est ériger en norme une «médecine-minute». Il est inadmissible de réserver aux assurés les plus aisés la possibilités d’accéder, par des assurances complémentaires garantissant le libre choix du médecin, à une médecine qui tient compte des facteurs psychosociaux et qui est par conséquent plus chronophage. C’est pourquoi le libre choix des médecins dans les soins de base ambulatoires doit subsister; nous sommes contre la suppression de l’obligation de contracter.


Nous défendons un service public de haute qualité pour la santé publique.



Le retrait de l’Etat du financement direct et de la conduite des hôpitaux publics (autonomie, privatisation) est un danger pour les soins de base de la population; il faut craindre que à la suite de la primauté de la rentabilité, les prestations médicales de qualité seront pratiquées d’après le pouvoir d’achat des patient-es en passant par l’augmentation des assurances complémentaires. Nous rejetons donc tout rationnement: refuser des prestations médicales nécessaires et utiles pour des raisons économiques est une attaque à la représentation fondamentale d’une société de justice et d’égalité des chances. Pour ce faire, nous nous basons sur la nouvelle Constitution fédérale qui à l’article 41 rejette implicitement le rationnement dans le système de santé.


Pour joindre votre signature, envoyez votre nom, titre et adresse à:
ASSG – Arztlnnen für Solidarität im Schweizerischen Gesundheitswesen
MSSS -Médecins pour un système de santé solidaire
MSSS – Medici per un sistema di salute solidale
postfach 2309 – CH-8031 Zürich
assg@assg.chmsss@msss.ch