Allemagne

Allemagne : STOP Dublin pour les Syriens... - Et les autres ?

Et les autres ?

Nouvelle brèche dans les accords de Dublin. Mardi 25 août, Berlin annonce ne plus appliquer aux réfugié·e·s syrien·ne·s la mécanique issue de ces accords, consistant à renvoyer, automatiquement et sans entrée en matière, tout·e requérant·e d’asile vers le premier pays d’Europe par lequel il a transité. Si cette mesure ne saurait constituer une réponse d’envergure à la situation migratoire sur le Vieux continent, elle illustre au moins l’impasse vers laquelle l’UE se dirige en appliquant ce système de renvoi.

A l’annonce du moratoire  allemand sur les renvois de réfugié·e·s syriens vers leur premier pays d’entrée dans l’Union, la Commission européenne a salué « une reconnaissance du fait que l’on ne peut laisser les pays aux frontières extérieures de l’UE gérer seuls le grand nombre de demandeurs d’asile cherchant refuge en Europe» (Le Monde, 25.08.2015). Aux premiers rangs de ces «  pays-tampons  » figurent la Grèce, l’Italie ou encore la Hongrie, qui voient en effet chaque mois des centaines, sinon des milliers de nouveaux·elles réfugié·e·s entrer en Europe par leur territoire sans pouvoir y faire face, et où la situation pour ces personnes prend de plus en plus la forme d’une catastrophe sanitaire et sociale.

Une reconnaissance bienvenue, mais encore timide, au vu de l’ampleur de la crise. Entre les mois de janvier et de juin 2015, plus de 340 000 migrant·e·s ont atteint le continent, soit presque trois fois plus qu’en 2014 sur la même période. Ils et elles viennent de Syrie, mais aussi d’Érythrée, d’Ethiopie, de Somalie, de Libye, du Mali, autant de pays où crises humanitaires et chaos politico-militaires provoquent le déracinement tragique de centaines de milliers de personnes.

Arrêt des renvois des réfugié·e·s syriens, moratoire sur les renvois vers la Grèce, plan  Mare Nostrum  pour limiter les morts en Méditerranée sont autant de pansements sur une jambe de bois, à cent lieues d’une politique européenne cohérente en matière d’asile.

L’asile est un droit fondamental. À l’Europe forteresse – concrétisée encore ces dernières semaines par la clôture métallique construite par le gouvernement hongrois à sa frontière avec la Serbie – il est de plus en plus urgent d’opposer une Europe des peuples, ouverte et solidaire, qui mette sur pieds une politique d’accueil réaliste, en commençant par tirer un trait sur les accords de Dublin.  PC