Le syndicat Unia dénonce le licenciement collectif au CEVA

Plus de 200 travailleurs ont été informés de la fin de leur collaboration avec Eaux Vives Infra SA (EVI) sur le principal chantier public du canton de Genève.

Le 18 juin des travailleurs de l’entreprise Eaux Vives Infra SA (EVI), soutenus par le syndicat Unia, ont dénoncé publiquement le licenciement collectif en cours sur plusieurs lots du CEVA. EVI semble décidé à aller au bout du Gros Œuvre du « chantier du siècle » sans se soucier des obligations légales en matière de licenciements collectifs.

Eaux Vives Infra SA fait partie du consortium SGC, créé ad hoc par la multinationale française Vinci lors de l’adjudication des nombreux lots. Avec un coût potentiel de 2 milliards de francs, le CEVA représente pour la multinationale transalpine une importante source de bénéfices, vu la crise générale de contrats publics dans le reste de l’Europe. Aujourd’hui, en vue de la fin des travaux, la multinationale française met un terme à tous les contrats de travail de ses 206 collaborateurs, décision communiquée le 28 mai lors de la rencontre mensuelle entre le personnel et la direction.

Après l’annonce des licenciements, les travailleurs se sont adressés au syndicat Unia pour défendre leurs droits et, après des assemblées ouvertes, une réunion urgente a été demandée à EVI. Lors de cette rencontre, le 9 juin, la direction a confirmé son plan : 88 travailleurs temporaires ne verront pas leur contrat renouvelé et devront donc trouver un nouvel emploi; 106 collaborateurs avec contrats à durée indéterminée seront aussi renvoyés; parmi eux 51 travailleurs retourneront en France et réactiveront leur ancien contrat de travail avec Vinci. Les autres seront obligés de s’inscrire au chômage. Enfin, 12 travailleurs détachés devront retourner dans leur pays d’origine à la fin de leur mission. 

EVI, donc Vinci, refuse à ses collaborateurs le droit à la consultation et à de vraies négociations concernant le plan social avec le syndicat Unia et viole ainsi les dispositions légales en la matière; les travailleurs ont le droit d’exiger toutes les mesures nécessaires pour atténuer les conséquences socioéconomiques de la perte de leur emploi. Il est difficile d’accepter que des sociétés privées puissent réaliser des bénéfices importants et en même temps n’avoir aucune responsabilité sociale. Dans ce cas, EVI pense faire payer à la collectivité deux fois le prix de leur activité : d’un coté leur bénéfice (via un contrat public) et de l’autre les licenciements (via le chômage). C’est inacceptable !

Unia fera tout ce qui est en son pouvoir pour défendre les intérêts des travailleurs, frontaliers et résidents, et exige une réponse claire des autorités pour une résolution rapide du conflit et une amélioration générale des protections contre le licenciement. En même temps, Unia a sollicité les maîtres d’ouvrage, les CFF et l’Etat de Genève, pour qu’ils interviennent rapidement dans le conflit en assumant leurs responsabilités.  

Les enjeux que cette affaire révèle – l’absence de protection contre les licenciements notamment pour des travailleurs âgés et l’utilisation abusive du travail temporaire – rendent d’autant plus importantes les revendications syndicales pour améliorer la protection conventionnelle des salariés de la construction. C’est pourquoi les travailleurs du CEVA ont formé un tronçon visible lors de la grande manifestation des maçons du 27 juin à Zurich. 

 

Umberto Bandiera