Une détention politique en Suisse

Depuis le 15 avril 2015, la Suisse a un prisonnier politique, Mehmet Yesilçali, qui a été arrêté dans le cadre d’une vague d’arrestations commanditée par la Turquie et exécutée par l’Allemagne. L’Etat répressif de Turquie, qui ne peut juridiquement exiger l’extradition des militants politiques reconnus comme réfugiés en Europe, a sous-traité cette tâche à la justice allemande, qui a visiblement accepté ce rôle de répression de l’opposition démocratique de Turquie en Europe. Ainsi, douze personnes ont été arrêtées en quelques jours : huit en Allemagne, deux en Grèce, une en France et une en Suisse.

Une vaste campagne de résistance contre la répression s’organise désormais dans tous les pays concernés. Un collectif de soutien a également été fondé en Suisse. Le conseiller national Beat Jans (PS, BS) a d’ores et déjà interpellé le Conseil fédéral sur la question de savoir comment des motifs d’asile reconnus peuvent se transformer en un mandat d’arrêt. Nous publions ci-contre le communiqué de presse de la Confédération des travailleurs de Turquie (ATIK), soutenu par l’ensemble des organisations d’op-posi-tion des mi-grant·e·s de Turquie.

 

En date du 15 avril 2015, le Ministère public fédéral allemand (MPF) a demandé à travers toute l’Europe l’arrestation de 12 membres d’ATIK.

Dans le but d’empêcher l’interdiction de fait d’ATIK et l’extradition de Mehmet Yesilçali, réfugié reconnu en Suisse, un Collectif de solidarité contre la criminalisation d’ATIK a été fondé.

La première action du Collectif a été de manifester devant les consulats grecs à Berne et à Zurich. En parallèle, une manifestation a eu lieu en Grèce. En effet, en plus de la Suisse, des membres d’ATIK ont été arrêtés en Grèce, en France et en Allemagne. 

 

 

Chasse policière coordonnée contre les membres d’ATIK

 

Les arrestations ont eu lieu à la suite d’une opération policière coordonnée. Derrière la vague de répression se cache le MPF. Il accuse les activistes «d’appartenance à une organisation terroriste à l’étranger» en vertu des articles 129a et 129b du Code pénal allemand.

Les membres d’ATIK sont concrètement accusés d’avoir participé, depuis 2012, à des réunions du comité de l’Europe de l’Ouest du Parti communiste de Turquie, marxiste-léniniste (TKP-ML), d’avoir organisé des soirées en Suisse et d’y avoir récolté de l’argent pour le compte de cette organisation. Ces activités seraient faites au nom d’ATIK, qui ne serait pas autre chose qu’une organisation de couverture du TKP-ML.

Dans un communiqué de presse, le MPF explique que le TKP-ML se serait donné «le but de détruire l’Etat turc au moyen d’une lutte armée avant d’y instaurer un régime communiste sous son contrôle». La justice allemande fait ainsi sienne la pratique de la Turquie qui persécute depuis des années les membres du TKP-ML. Avec sa procédure pénale et ses demandes d’extradition, l’administration allemande reprend une nouvelle fois les allégations de la justice politique turque. Or, ni le TKP-ML, ni ATIK ne figurent parmi les « organisations terroristes » de l’Union européenne, établie en 2001.

 

 

Criminalisation et interdiction de fait des organisations des migrants

 

Ne sont pas seulement accusés de terrorisme les membres du TKP-ML, mais également de nombreux réfugiés reconnus en Europe de l’Ouest. Sont également criminalisées les organisations politiques des migrants comme ATIK, dont la Confédération a été fondée dans les années 1970 en Allemagne et qui s’engage pour les droits des travailleurs émigrés de Turquie. Appartient à cette Confédération depuis 1991, la Fédération des travailleurs de Turquie en Suisse (ITIF), qui se définit comme une organisation ayant des buts démocratiques et une position anti-impérialiste, antifasciste et antiraciste.

 

 

Le rôle de la Suisse 

 

La Suisse a octroyé à juste titre l’asile à Mehmet Yesilçali. Elle s’est ainsi obligée à le protéger contre d’autres persécutions politiques provenant non seulement de la Turquie, mais également de l’Allemagne. Celui-ci est actuellement menacé d’une procédure pénale politique.

Conformément à la Convention de Genève, la Suisse doit protéger les réfugiés reconnus contre une demande d’extradition. Mehmet Yesilçali doit être immédiatement libéré. Les libertés d’opinion et de réunion valent également pour les organisations des migrants. «Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes tous ATIK» est le slogan du Collectif de solidarité contre la criminalisation d’ATIK.» 

 

 

Soutenu par 

Bern Bleiberecht, Bern Augenauf, Revolutionäre Jugendgruppe Bern (RJB), Solidarité sans frontières, Fédération des travailleurs de Turquie en Suisse (ITIF), Nouvelle Jeunesse démocrate (YDG), Suisse, Femme nouvelle (YK), Suisse, Fédération des travailleurs immigrés en Suisse (IGIF), Fédération pour des droits démocratiques en Suisse (IDHF), Le Centre de la Communauté démocratique kurde en Suisse (DEM-KURD), Association pour les droits de l’homme et la solidarité en Suisse (IHDD), Plate-forme pour l’unité des travailleurs et la fraternité des peuples, Suisse (BIR-KAR), Parlement européen des Exilés (ASM), Parti socialiste de la refondation (SYKP)

 

Contact

Inci Demir – Collectif de solidarité contre la criminalisation d’ATIK: 41 78 907 80 32

Hüsnü Yilmaz, avocat de Mehmet Yesilçali: 41 21 601 71 61

 

Pour de plus amples informations

— antira.org/d/atik-ist-nicht-allein

— facebook.com/pages/Solidaritätsbündnis gegen die Illegalisierung der ATIK