Fribourg

Fribourg : Grève victorieuse des employés de la buanderie de Marsens

Les employé·e·s de la Buanderie de Marsens (BEM) ont décidé de cesser le travail le 6 mars 2015 pour s’opposer à une privatisation synonyme de dumping salarial et d’insécurité de l’emploi. Après une semaine de grève, la délégation du Conseil d’Etat du canton de Fribourg a fini par accepter les principales revendications des grévistes.

15 employé·e·s de l’Etat, très majoritairement des femmes, ont utilisé l’arme de la grève pour défendre leurs droits que le gouvernement fribourgeois avait bafoués, soutenus activement par le Syndicat des services publics (SSP). Il leur a fallu beaucoup de courage pour se lancer dans cette action de grève alors que le Conseil d’Etat a tout de suite déclaré que celle-ci était illicite. Selon l’art. 68 de la loi sur le Personnel de l’Etat de Fribourg (LPers), «le collaborateur ou la collaboratrice ne peut faire grève ni inciter d’autres collaborateurs ou collaboratrices à faire grève.» Bien que cette disposition soit contraire tant à la Constitution fédérale qu’à la Constitution fribourgeoise, les autorités ne semblent pas pressées de l’abroger.

Après une semaine de grève, la détermination des grévistes et du SSP a fait reculer le Conseil d’Etat qui avait exigé avec intransigeance l’arrêt de la grève comme préalable à l’ouverture de négociations. Le vendredi 13 mars, la conseillère d’Etat Anne-Claude Demierre, directrice de la santé et des affaire sociales (PS) et le conseiller d’Etat Georges Godel, directeur des finances (PDC) se sont engagés à transférer les em­ployé·e·s dans  un autre poste au sein de l’Etat dans un délai de trois ans au maximum, tout en garantissant durant ce laps de temps les mêmes conditions salariales aux em­ployé·e·s continuant leur activité au sein de Blanchisseries Générales SA (LGB SA). 

La privatisation
de la BEM se situe dans un contexte plus large

 

Suite à cela, la grève a été levée le lundi 16 mars à 7 h et d’autres négociations ont été prévues. En effet, les em­ployé·e·s demandent que le délai de transfert soit d’une année au lieu de trois, que celui-ci se fasse sans diminutions de salaires et que le personnel de la buanderie obtienne une garantie de non licenciement jusqu’à la date de leur transfert à un poste équivalent à l’Etat.

A ce jour, cette deuxième phase de négociation n’a pas encore abouti et le Conseil d’Etat n’a pas confirmé qu’il validait le résultat des négociations du vendredi 13 mars. Sans doute craint-il que cela ne crée un précédent en la matière. En effet, il y a fort à parier que d’autres privatisations de services de l’Etat soient en préparation. La privatisation de la BEM se situe dans un contexte plus vaste visant à réduire de manière substantielle les dépenses dans le secteur de la santé publique. Le conseil d’administration de l’Hôpital fribourgeois (HFR), établissement autonome de droit public, a déjà annoncé à plusieurs reprises qu’il souhaitait sortir le personnel de l’hôpital du champ d’application de la LPers afin de s’attaquer à la masse salariale en imposant des conditions d’emploi inférieures.

 

 

Dumping salarial mené par l’Etat

 

Le capital social de Blanchisseries Générales SA (LGB SA), l’entreprise privée acquéreuse de la BEM, est détenu à 39 % par l’Etat de Vaud. Le reste des actions est détenu par les hôpitaux vaudois reconnus d’intérêt public pour 40,6 %, par des établissements médico-sociaux pour 8,5 %, par des institutions subventionnées par l’Etat pour 11,2 % et le solde de 0,7 % par des personnes privées. Les conditions salariales sont celles de la Convention collective de travail (CCT) romande du nettoyage industriel des textiles. Cette CCT prévoit des salaires pouvant aller jusqu’a 1000 francs de moins par mois (le salaire minimum pour un employé semi qualifié est fixé à 3460 francs par la CCT) que ce qui est prévu dans le système salarial de l’Etat de Fribourg. On comprend que pour les employé·e·s de la BEM, payés entre 4000 à 5000 francs par mois, la privatisation de la BEM ne soit pas acceptable. 

 

Célestin Villars