Conférence Syrie

Conférence Syrie : Un succès pour la solidarité

Jeudi 19 février, solidaritéS a organisé une conférence sur la processus révolutionnaire syrien intitulée « Le soulèvement du peuple syrien. Une résistance héroïque abandonnée par le monde ». 

Cet événement prenait place dans le cadre de la campagne internationale, « Semaine contre la tyrannie du régime Assad », en solidarité avec la lutte du peuple syrien pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité. A Genève, plus d’une soixantaine de personnes se sont déplacées pour écouter les quatre inter­venant·e·s invités pour l’occasion. Cette soirée a permis de récolter des fonds pour l’association Help Syria qui vient en aide aux civils syriens victimes de déplacements forcés et de la guerre. 

L’ensemble des intervention a montré les dynamiques traversant le mouvement populaire et le processus révolutionnaire syrien; notamment l’apport des Pa­les­ti­nien·ne·s et des Kurdes de Syrie et la participation et le rôle des femmes dans le soulèvement. 

 

 

Libération et émancipation au cœur des interventions

 

Shyar Nayo, activiste et journaliste syrien kurde, a évoqué l’histoire du mouvement kurde en Syrie et les discriminations auxquelles il a dû faire face sous le régime du Baath. Il a ensuite insisté sur la participation capitale du peuple kurde de Syrie dans le soulèvement populaire. Il a enfin montré les aspects positifs des régions autonomes du Rojava administrées par le PKK syrien, notamment en terme de sécularisation des institutions et de la participation des femmes, tout en en soulignant les limites et les contradictions (autoritarisme du Parti de l’union démocratique, PYD, affilié au PKK).

Maria Al-Abdeh, activiste féministe syrienne et directrice exécutive de Women now For Development, a traité du rôle fondamental des femmes au sein du processus révolutionnaire. De nombreuses organisations et institutions populaires féminines se sont mises en place dans certaines régions « libérées ». Elle a également expliqué comment les révolutionnaires syriennes, tout en continuant à s’opposer aux forces du régime dictatorial Assad, ont contesté à de nombreuses reprises les forces islamiques réactionnaires qui voulaient les empêcher de s’organiser. Finalement, elle a rappelé la nécessité de ne pas diviser les révolutionnaires syriennes entre voilées et non voilées, toutes deux se battant pour leur libération et émancipation.

Tareq Ibrahim, activiste palestinien de Syrie du Camp de Yarmouk à Damas, est intervenu pour parler de la participation au soulèvement populaire des pa­les­ti­nien·ne·s de Syrie. Le régime Assad et ses alliés ont tenté de mater toute opposition en réprimant violemment, emprisonnant et même assassinant les activistes du camp et ce jusqu’à aujourd’hui. Depuis plus d’un an, le siège continu du camp par les forces du régime prive ses ha­bi­tant·e·s, passés de 150 000 avant la révolution à 20 000 aujourd’hui, d’eau potable et de nourriture. Il a enfin rappelé que le régime syrien a à son actif une longue histoire de répression du mouvement national palestinien, liée notamment  à sa volonté de garder sous contrôle  le front du Golan syrien occupé depuis 1967 par l’Etat d’Israël.    

Finalement, Joe Daher a abordé la notion de communautarisme religieux, comme un outil des régimes autoritaires et des groupes islamiques réactionnaires pour diviser les peuples de la région, imposer leur contrôle sur les classes populaires et empêcher que les questions démocratiques et sociales ne deviennent centrales. Cette forme de communautarisme religieux est le résultat de divers processus modernes (autoritarisme, interventions étrangères internationales et régionales, néo-libéralisme économique ..) et non une caractéristique essentialiste et constante de la région.   

 

Une soirée placée sous le signe de la nécessité de lier les différentes luttes pour la libération et l’émancipation du peuple syrien contre l’offensive réactionnaire menée par le régime Assad et les forces jihadistes. JD