Forfaits fiscaux

Forfaits fiscaux : Le statu quo plutôt que la justice

Le climat de peur installé par la campagne patronale massive l’a emporté sur la question de la justice. Dans un contexte d’instabilité sociale et économique alimenté par la droite, le corps électoral a décidé de ne pas abolir les forfaits fiscaux, pratique pourtant unanimement reconnue comme injuste.

Un oui aurait pu changer la dynamique dans laquelle nous nous trouvons : cette votation aurait pu être le point de départ d’une lutte contre le creusement des inégalités, contre la pauvreté qui augmente et contre les budgets d’austérité qui se multiplient. Elle aurait marqué une première étape contre l’introduction programmée de la Réforme de la fiscalité des entreprises III (RIE III), défendue par le Conseil fédéral, un projet qui pourrait faire perdre 4 à 5 milliards de francs aux caisses publiques en faveur des entreprises.

 

 

Un climat de peur artificiel

 

Dans quel contexte s’inscrit ce vote ? Il fait suite à des années de baisses d’impôts portées par la droite en faveur des nantis, qui ont créé artificiellement une situation budgétaire tendue, minant tout débat sur la question de la justice fiscale et de la répartition des richesses. La droite et les milieux patronaux ont su jouer sur ce climat tendu pour verrouiller toute remise en cause même minime de pratiques pourtant injustes, inéquitables et particulièrement opaques.

 

 

Poursuivre le débat

 

Nous nous félicitons d’avoir pu mettre sur la place publique la question de la fiscalité et des privilèges scandaleux accordés aux plus riches parmi les riches. Ce résultat n’entame pas notre détermination à poursuivre et approfondir ce débat pour une fiscalité permettant une re-­répartition des richesses, notamment en vue des prochaines échéances politiques. La RIE III et l’initiative pour l’introduction d’un impôt fédéral sur les successions seront autant d’enjeux centraux pour ces prochaines années.

 

 

Pour une justice fiscale au niveau international

 

Nous souhaitons que ces débats soient abordés sous l’angle du bien commun et de l’intérêt général de la majorité de la population, à l’échelle locale comme internationale, en refusant le chantage systématique à la délocalisation des grandes fortunes et des entreprises. Ces questions doivent s’inscrire dans une solidarité internationale avec les peuples en lutte contre les politiques d’austérité. La Suisse ne peut plus et ne doit plus être un trou noir qui siphonne une partie des recettes fiscales des Etats voisins, mettant à mal leurs services publics et leurs systèmes de protection sociale, au détriment de l’écrasante majorité de la population. La sous-enchère fiscale internationale, qui ne profite en réalité qu’au 1 %, les plus riches, doit cesser d’imposer sa loi aux 99 % de la population.

 

 

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Ecopop : un refus cinglant

 

Nous nous réjouissons que le corps électoral ne soit pas tombé dans le panneau d’une initiative faussement écologiste et authentiquement raciste qui visait, de façon absurde, à faire reposer sur les mi­grant·e·s la responsabilité de la crise écologique. Cette initiative, sous des abords prétendument « verts », cachait un projet d’une extrême brutalité à l’égard des tra­vail­leurs·euses étrangers. En effet, une acceptation de ce texte aurait entraîné la précarisation massive de leurs statuts, déjà largement discriminatoires, renforçant la part des permis provisoires et des clandestins, avec pour conséquence une augmentation de la concurrence entre sa­larié·e·s. Ceci dit, il serait illusoire de lire les résultats de ce vote comme un recul du racisme et de la xénophobie en Suisse. Sur ce terrain, la lutte doit se poursuivre et s’intensifier en défendant une libre circulation associée à l’extension des droits sociaux et politiques pour l’ensemble de ceux qui vivent et travaillent en Suisse.

La question de la crise écologique globale qui menace les écosystèmes et les populations à l’échelle locale et internationale mérite d’être prise beaucoup plus au sérieux. Pour y répondre, il faut s’attaquer aux racines du problème, c’est-à-dire à un système capitaliste productiviste, assoiffé de croissance et de profits, qui suscite une dégradation de la qualité de la vie et provoque un réchauffement climatique accéléré aux conséquences de plus en plus dangereuses. C’est au côté des populations victimes de ce système qu’il faut lutter – ici et à l’échelle internationale – pour une économie au service de la société, qui suppose une véritable transition énergétique. Sur ce terrain, la politique du hérisson préconisée par Ecopop ne faisait que nourrir les divisions et le racisme, et nous condamnait à l’impuissance.