Mexique

Mexique : Peña Nieto dans les cordes, et maintenant?

La journée du 20 novembre, date du début de la Révolution mexicaine, a vu déferler des centaines de milliers de personnes sur les principales places du pays. Si le retour en vie des 43 étudiants d’Ayotzinapa reste au centre des revendications, un très large mouvement réclame maintenant la démission de Peña Nieto. A Genève, comme dans 60 villes du monde, un rassemblement à été organisé devant Uni-mail à l’initiative du groupe jeunes de solidaritéS.

 

L'ampleur de la mobilisation est totalement inédite. Chaque jour, l’ineptie, la corruption, le cynisme et l’insensibilité sociale de Peña Nieto et de son gouvernement au service des multinationales et de Washington apparaissent un peu plus au grand jour et attisent la colère populaire. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays soumis depuis les années 1980 à un féroce anéantissement de l’héritage social, politique économique et culturel de la Révolution mexicaine ? Les classes dominantes mexicaines, ainsi que Washington, commencent à se distancier de leur serviteur devenu trop encombrant. On devine que de ce côté-là on commence à réfléchir aux moyens de sauver ce qui peut l’être.  Comme l’a dit Pepe Mujica, le président uruguayen, l’Etat mexicain est un Etat en faillite, un semi-Etat décomposé en potentats locaux liés à la délinquance. Dans ces conditions, le risque d’une répression brutale qui imposerait la terreur comme au cours des années 1968 et 1969, bien que réel et souhaité par certains, apparaît comme une aventure dont le coût politique surpasserait probablement les avantages.

 

 

Quelle issue à la crise du régime ?

 

Le risque d’un remplacement de Peña Nieto qui assure la continuité du régime est bien réel. Il faut éviter à tout prix une solution pourrie dans laquelle les institutions actuelles et les partis institutionnels (PRI, PAN, PRD) essaieraient de vendre la convocation d’élections anticipées ou la convocation à froid d’une nouvelle Constituante. C’est le très large mouvement populaire qui doit prendre l’initiative et balayer les décombres d’un régime aux abois. Ce qui a été possible en Bolivie, en Equateur ou au Venezuela, l’est aussi au Mexique. Le grand mouvement du 20 novembre doit favoriser l’unité entre le mouvement étudiant, le syndicalisme démocratique, les polices communautaires et les innombrables expressions d’auto-organisation populaires urbaines et paysannes. C’est l’union de toutes les résistances qui permettra d’imposer les transformations sociales que le Mexique ne peut plus attendre. 

 

Héctor Márquez