Moubarak libéré

Moubarak libéré : Nouvelle avancée de la contre-révolution en Egypte

L’ancien dictateur Hosni Moubarak a été blanchi, le 29 novembre dernier, de ses deux chefs d’accusation : la corruption et surtout son rôle dans la répression et la mort de plus de 850 ma-ni-fes-tant·e·s au cours des 18 jours du soulèvement populaire qui ont conduit à sa chute, en février 2011. Il avait été condamné à la prison à perpétuité dans un premier temps et avait fait appel de la décision.

Moubarak restera pour le moment en prison en raison d’une précédente condamnation, mais il pourrait être relâché dans le cadre d’une remise de peine… Les fils de Moubarak, Alaa et Gamal, accusés d’avoir détourné ou facilité le détournement de plus de 125 millions de livres égyptiennes (environ 14 millions d’euros), ont également été acquittés. Les accusations qui pesaient sur sept hauts responsables de la sécurité, dont l’ex-ministre de l’Intérieur de Moubarak, Habib al-Adly, ont été abandonnées…

A l’annonce de ce verdict, des milliers de ma­ni­fes­tant·e·s en colère sont descendus dans les rues du Caire et ont envahi la place Tahrir. Ils ont été réprimés sévèrement par les forces de sécurité, qui ont tué deux personnes et en ont blessé 14 autres. Dans d’autres villes, il y a eu également des manifestations  spontanées.

 

 

Etudiants à l’avant-garde des protestations

 

D’autres protestations ont également eu lieu dans les universités de la capitale et d’autres villes débouchant sur des dizaines d’arrestations. Les universités ont été à nouveau des hauts lieux de la protestation depuis la rentrée académique, en octobre 2014. Un fort mouvement contre la politique répressive et sécuritaire du gouvernement s’est développé parmi les étu­diant·e·s, remettant en cause les mesures de « sécurité » sur les campus, confiées à une société privée, Falcon Security. Ces mobilisations ciblaient aussi les mesures interdisant les organisations et les activités politiques sur les campus. La répression a été terrible et a causé des centaines de blessés et plusieurs morts, en plus de centaines d’arrestations et de condamnations. Le mouvement qui a touché la majeure partie des universités s’est élargi pour dénoncer la politique répressive globale des autorités militaires égyptiennes.

 

 

Répression tous azimuts

 

Pour rappel, depuis l’arrivée au pouvoir de Sissi, au moins 1400 partisans des Frères musulmans ont été tués et plus de 15 000 sympa­thi­sant·e·s de cette organisation ont été emprisonnés. Le pouvoir s’en est également pris à l’opposition libérale et de gauche, incarcérant de nombreux mi­li­tant·e·s pour avoir enfreint une loi controversée qui limite le droit de manifester.

La contre-révolution incarnée par le régime de Sissi avance toujours davantage, avec le soutien résolu de l’Arabie Saoudite et des monarchies du Golfe, à l’exception du Qatar. Le régime de Sissi cherche en effet à réhabiliter l’ancien régime autoritaire de Moubarak et consorts en poursuivant les mêmes politiques. C’est malheureusement une tendance régionale qui ne se limite pas à l’Egypte… 

 

Joseph Daher