NON à un tunnel à bouchons

Ce 28 septembre, on vote à Genève sur l’initiative pour une traversée automobile de la rade. L’extrême-droite UDC-MCG tente de ressusciter ce serpent de mer que les Ge-ne-vois·e·s avaient déjà coulé il y a près de 20 ans en votation populaire. solidaritéS invite plus que jamais à dire non et appelle à une forte mobilisation contre ce projet désastreux.

Le TCS a mis des moyens gigantesques dans sa campagne pour le oui (800 000 francs selon certaines sources). Seul un gros effort de présence sur le terrain peut contrer leur propagande massive. Car les raisons de refuser ce projet ne manquent pas: augmentation du trafic (bouchons, pollution, bruit, etc.), atteinte au paysage, aux parcs, à la nappe phréatique, etc.

Le tunnel déboucherait à des endroits où le trafic est déjà saturé (av. de France, quai Gustave-Ador). Or, pour des raisons de sécurité, les embouteillages sont interdits dans les tunnels. Par effet d’entonnoir, des files de véhicules vont donc remonter et engorger les quais (ceux-ci ne pouvant pas être élargis), empirant massivement la situation actuelle.

On prévoit donc des augmentations importantes de trafic à proximité (  50 % sur l’avenue de France, par ex.) ainsi qu’une saturation des carrefours d’accroche allant jusqu’à 259 % d’utilisation côté rive droite et 345 % (!) aux Eaux-Vives. Toutes les expériences démontrent que créer des nouvelles routes génère à terme du trafic supplémentaire, car elles encouragent le recours à la voiture, avec pour conséquence une augmentation des nuisances et de la pollution. Ce tunnel agirait ainsi comme un véritable aspirateur à voitures de Sécheron à Malagnou.

 

Un désastre écologique

En contradiction flagrante avec l’initiative «Sauvons nos parcs» récemment acceptée par une très nette majorité de vo­tant·e·s en Ville de Genève, ce chantier va dégrader considérablement le panorama de la rade et de nos parcs. Des portiques d’accès massifs vont défigurer cet espace de loisirs si prisé des Genevois·e·s et des touristes (promenades, baignade, cinémas en plein air, etc.) et feront ressembler le projet de plage des Eaux-Vives à une aire d’autoroute.

De plus, le tunnel déboucherait en plein dans la nappe phréatique des Eaux-Vives, source d’eau potable majeure pour toute la région (de Gaillard à Chancy), précisément à un endroit où la pression y est forte. La loi fédérale sur les eaux interdisant la contamination des eaux, l’acceptation de cette initiative ouvrirait la porte à une succession de recours juridiques coûteux qui concluraient sans doute au final à l’impossibilité de réaliser cet ouvrage.

 

Engloutir 1500 millions pour les bagnoles ?

Avec 1,5 milliard, on pourrait construire 3000 appartements, 18 écoles, 4 lignes de tram… Sans parler des dépassements, presque certains lorsque l’ouvrage est complexe comme un tunnel sous-lacustre. Ajoutons encore 20 à 40 millions par an pour l’entretien du tunnel, ce qui équivaut aux frais annuels de fonctionnement de 4 lignes TPG.

 

STOP à la pollution 

Epuisement des ressources pétrolières, changement climatique, atteintes à la biodiversité : la crise écologique globale nous oblige à une vraie révolution énergétique, notamment dans nos modes de transport. Alors que Genève vit chaque hiver des pics de pollution de l’air dangereux pour la santé publique, développer encore la bagnole est une aberration totale.

 

D’autres solutions sont possibles

A l’inverse de cette fuite en avant du béton et du tout-bagnole, nous défendons une réappropriation de la ville par ses habitant·e·s, un espace public où l’emprise des véhicules individuels qui privatisent nos rues serait réduite au strict nécessaire.

A l’inverse de la politique du Conseil d’Etat qui envisage de diminuer les prestations TPG pour « punir » la population d’avoir voté l’initiative pour la baisse des tarifs, nous voulons investir davantage dans ce bien commun essentiel. La gratuité des TPG coûterait d’ailleurs seulement un cinquième des cadeaux fiscaux faits aux nantis ces 15 dernières années. C’est une simple question de choix politique.

La mobilité douce (vélo, marche) a également un potentiel immense à Genève. Alors que les autorités cantonales refusent de mettre en œuvre l’initiative 144, pourtant acceptée par la population en 2011, nous devons nous mobiliser sur le modèle des villes du nord de l’Europe (Pays-Bas, Danemark), qui sous la pression de manifestations d’ha­bi­tant·e·s se sont transformées dès les années 70 pour devenir aujourd’hui des capitales mondiales du vélo.

 

Une autre région est possible

Plus largement, la question doit être pensée à l’échelle régionale. Plutôt que d’opposer entre eux ses ha­bi­tant·e·s, nous voulons construire ensemble une région écologiquement soutenable et socialement juste : développement de transports publics transfrontaliers, P R en périphérie, structures démocratiques régionales, etc.

Le logement est aussi au cœur du problème des déplacements : contre la spéculation immobilière qui fait flamber les loyers et pousse de nombreux Ge­ne­vois·e·s à vivre toujours plus loin, nous prônons une politique volontariste de reprise du sol en main publique, pour construire des logements abordables pour la population et un aménagement qui favorise la mixité des activités (logement, emplois, services, etc.) pour diminuer les trajets contraints.

Seule la mise en œuvre de ces solutions de manière cohérente et décidée constitue une réelle alternative pour éviter de voir surgir ce type de projets inutiles, coûteux et nuisibles.

 

Thibault Schneeberger