Le gouvernement annonce sa couleur: elle de droite foncée

Le 11 juin le Conseil d’Etat genevois au complet présentait son « programme de législature », une obligation issue de la nouvelle constitution. C’était le même jour qu’il annonçait les coupes dans l’aide sociale dénoncées ci-contre. Sous les généralités discutables et les formules creuses, c’est bien un programme de casse sociale et écologique que se donne le gouvernement.

Ceci en appliquant les mêmes méthodes qui avaient si mal réussi au gouvernement monocolore de droite des années nonante. Au chapitre des « couleurs » si ce gouvernement bénéfice, comme caution, de la touche verte-rose qu’apportent Antonio Hodgers et Anne Emery Torracinta, le titre du programme «Annoncer la couleur, définir les priorités» ne sert d’enseigne qu’aux recettes les plus  classiques de la droite.

 

Qui veut perdre 600 millions?

En effet, la seule grande mesure, chiffrée et donnée pour incontournable est la réduction des recettes de la collectivité de 600 millions par an, via un cadeau fiscal massif aux entreprises en ramenant le taux unifié de leur imposition sur le bénéfice à 13 %. En « contrepartie », une hypothétique «contribution des entreprises au financement des structures d’accueil de la petite enfance devra être envisagée».

Ce cadeau vient se rajouter au milliard par an de recettes en moins qu’on obtient en cumulant les rabais fiscaux aux nantis faits depuis 15 ans à Genève. Ce milliard annuel a servi à creuser la dette qui sert aujourd’hui, à travers les 250 millions d’intérêts versés aux banques et ponctionnés sur le budget de fonctionnement, de levier supplémentaire pour effectuer des coupes dans les services publics et les prestations.

Les fonctionnaires sont appelés à passer à la caisse à hauteur des 65 millions par an qui devaient permettre sans trop de casse l’introduction du nouveau système de rémunération à l’enseigne du projet SCORE. Sans parler d’autres projets dans le tube sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir : le projet UDC de suppression de 1800 postes à terme « compensé » par une hausse de 40 à 42 heures du temps de travail hebdomadaire dans le secteur public ou les projets PLR de suppression des annuités et de blocage des postes… pour ne parler que de ceux-ci.

 

La constitution? Rien à braire

Pour en revenir au programme du gouvernement : au chapitre des services publics le seul à bénéficier d’une perspective de développement annoncée c’est l’Aéroport, haut lieu de dumping salarial – on l’a vu avec Gate Gourmet qui en est la pointe de l’iceberg – et dont le développement effréné assure une contribution cantonale significative à la catastrophe climatique en cours. Or cet aéroport est vanté dans le programme comme « poumon » du canton et en effet c’est un poumon économique du développement déséquilibré du Monaco-sur-Léman qui constitue apparemment le seul horizon de ce gouvernement.

Au chapitre, des services publics encore, le gouvernement, par la bouche de son président, le PLR Longchamp, a annoncé froidement qu’il n’entendait pas donner suite à nombre d’obligations issues de la nouvelle constitution cantonale et qui ont servi à « vendre » celle-ci aux élec­teurs·trices en 2012. Du financement du parascolaire à la formation jusqu’à 18 ans, entre autres, les dispositions constitutionnelles resteront lettres mortes, faute de financement. Par contre, on trouve, entre autres, au chapitre des « infrastructures prioritaires », la traversée du Lac, avec un financement « public-privé ».

On pourrait en rajouter, des idées de vente d’actifs aux recettes douteuses envisagées par ponction des établissements publics : rien de nouveau sous le soleil. Ce qui devra être renouvelé, par contre, c’est les moyens de construire un front d’opposition populaire à la hauteur.

 

Pierre Vanek