Contre la politique pénale de la droite, pour un autre projet de société

Contre la politique pénale de la droite, pour un autre projet de société : La lutte continue

Le 13 avril dernier, Pierre Bayenet, candidat issu des rangs de solidaritéS, a réalisé, avec plus du tiers des votes (33,7 %), un score remarquable à l’élection du Procureur général. Par ce vote, les citoyen·ne·s qui l’ont soutenu ont exprimé leur aspiration à un autre visage de la justice.

Ces dizaines de milliers de voix ont confirmé la pertinence pour solidaritéS d’avoir initié et mené une campagne forte, contre vents et marées, afin de permettre un salutaire débat, montrant qu’il existe une alternative réaliste à la politique pénale orientée vers le tout-répressif menée par le duo PLR Jornot-Maudet.

 

Victoire du débat démocratique

Cette campagne a marqué une victoire du débat démocratique sur les ententes tacticiennes ou politicardes. Alors que des choix fondamentaux en matière de gestion de la société sont faits chaque jour au Palais de Justice, la candidature et la campagne d’Ensemble à Gauche (EAG) ont permis à la fois de rendre public ces choix, faits en catimini, et de démocratiser ce débat. Cette campagne a montré que la politique pénale relève bien d’un débat politique où s’affrontent différentes conceptions de de l’homme en société et que dans ce sens, elle ne peut ni ne doit échapper au contrôle démocratique et au passage par les urnes. En avançant sur des thèmes comme la politique d’enfermement, la régularisation des sans-papiers, les faillites frauduleuses, la corruption, les politiques de réinsertion, la récidive, la gestion des stupéfiants, et bien d’autres, cette candidature a permis d’élaborer des alternatives dans un domaine jusqu’ici trop souvent déserté.

Cette campagne a donc été pour solidaritéS une opportunité de débattre publiquement de l’ensemble de ces thèmes en prouvant que lutter contre la politique pénale de la droite c'est avant tout définir une politique du vivre ensemble. Nous avons su montrer qu’il existe d’autres chemins et d’autres options que celles qui ont cours aujourd’hui !

Ce très bon résultat, qui dépasse celui d’EAG, du PS et des Verts réunis aux dernières élections cantonales, prouve également que l’absence de soutien de la part des appareils du PS et des Verts était une erreur et que les électeurs·trices de gauche souhaitaient pouvoir s’exprimer sur le sujet. Comme lors de plusieurs scrutins récents (Constitution, Naxoo, tarifs TPG, etc.) le pôle constitué d’EAG et des syndicats a confirmé ici encore son rôle de référence pour l’ensemble des votant·e·s qui veulent s’opposer de manière résolue et conséquente à la politique de la droite et de l’extrême droite.

 

Le soutien ?des quartiers populaires: ?un débat de classe

Pierre Bayenet est arrivé en tête dans plusieurs quartiers populaires de la Ville de Genève : c’est le cas notamment des Pâquis (53,1 %), des Acacias (50,5 %), de Mail-Jonction (55,8 %) ou encore de Cluse-Roseraie (50,8 %). Ainsi, les quartiers désignés par le tandem Jornot-Maudet comme des «hauts-lieux de la criminalité genevoise» ont répondu en exprimant leur désaccord avec leur politique. A contrario, des communes bourgeoises, largement épargnées par la petite délinquance de rue se sont rangées derrière le procureur général et son programme ultra-répressif (84,5 % pour Jornot à Cologny !).Ces constats soulignent bien la fracture de classe qui sous-tend ce débat. Les personnes les plus exposées à la délinquance souscrivent à une justice plus humaine qui défende réellement les intérêts de l’ensemble de la population, alors que les Ge­ne­vois·es les plus favorisés ont voté pour la protection de leurs privilèges en soutenant une gestion répressive de la pauvreté. Cette campagne aura eu le mérite de montrer que derrière des débats présentés comme purement juridiques, il existe bel et bien des intérêts de classes et des choix de société fondamentaux: les citoyen·ne·s des quartiers populaires l’ont bien compris!

 

Un avertissement pour Olivier Jornot

Ce résultat doit également être compris comme un avertissement à Olivier Jornot. Le Procureur général a été mis face à ses responsabilités. Les choix qu’il fait, il devra les assumer. Ne pas poursuivre la criminalité économique, réprimer les plus démunis, embastiller les migrant·e·s sont autant d’éléments qui ne pourront dorénavant plus être passés sous silence. Les dizaines de milliers d’élec­teurs·trices qui ont refusé de lui accorder leurs voix ont montré leur défiance et ne lui laisseront pas les coudées franches pour mener sa politique.

Finalement, l'élaboration d’un programme pour un autre projet de société et le réseau constitué au cours de cette campagne doivent permettre d’alimenter et de renforcer les luttes actuelles. solidaritéS entend contribuer à impulser, dès aujourd’hui, un front large de résistance sur des problématiques comme l’emprisonnement abusif des mi­grant·e·s, la délinquance économique, la gestion répressive de la pauvreté, les conditions de détention inhumaines à Champ Dollon, la question de la levée inacceptable du secret médical des détenu·e·s, la politique de réinsertion, la vidéosurveillance… notamment. Ces combats doivent prendre place à tous les niveaux d’actions possibles, de la rue au parlement.

 

La lutte continue

Nous appelons donc l’ensemble des forces politiques et syndicales à se mobiliser pour défendre ce projet au quotidien et leur donnons un premier rendez-vous le 6 mai pour défendre Ivone et Luciano, un couple de travailleurs sans-papiers tristement célèbres pour avoir été condamnés à de la prison pour simple infraction à la Loi sur les étrangers (LEtr). Manifestons notre refus d’emprisonner les sans-papiers et soutenons ces camarades lors de leur procès !

Rendez-vous est également pris dans 6 ans, pour les prochaines élections, en espérant, cette fois, pouvoir faire front commun pour promouvoir une justice de gauche au service d’une société plus juste !

 

Pablo Cruchon