Chine

Chine : Un combat de titans

Début avril, plusieurs dizaines de milliers d’ou-vrier·e·s de Chine du Sud, du groupe taïwanais Yue Yuen, fournissant Adidas, Nike, Reebok se sont mis en grève. La semaine dernière, ils·elles ont été rejoints par quelques milliers de salarié·e·s d’une province voisine.

C’est sans doute le plus grand mouvement de grève que la Chine ait connu depuis longtemps. Des dizaines de milliers d’ou­vrier·e·s manifestent depuis des semaines pour leurs conditions salariales et leurs assurances sociales. Les employeurs ne versent pas en effet leurs cotisations aux assurances sociales et au fond de prévoyance logement en violation de la loi sur le travail. Comme le soutenait à The Guardian (22.04.2014), l’un des observateurs d’une ONG de Hong Kong, «pour bonne part, ce mouvement est lié au fait que beaucoup d’industries ferment ou sont délocalisées, ou changent de propriétaires… Il y a cinq ans les grèves concernaient essentiellement les revendications salariales. Mais maintenant, les inquiétudes des tra­vail­leurs·euses se focalisent sur ce qui arrive si les industries ferment. Quelle rémunération vont-ils-elles avoir? Obtiendront-ils-elles les indemnités auxquelles ils·elles ont droit?» Les ouvrier·e·s ont fait face à la répression de la police qui s’est déployée au sein d’un site industriel de plus de 1,4 km2 (20 % des chaussures de sport vendues dans le monde sont produites dans ces usines). Plusieurs dizaines d’entre eux·elles ont été arrêtés et certains sérieusement blessés.

 

La lutte continue

Jeudi dernier le groupe a « ouvert le dialogue », garantissant qu’à partir du 1er mai une nouvelle assurance sociale et un nouveau plan de prévoyance logement seraient mis en place basés sur le salaire moyen de chaque ouvrier·e·s au cours des 12 derniers mois. Il a également proposé une augmentation de salaire. Les ouvrier·e·s en grève, appuyés selon l’un deux par le 80 % des sa­la­rié·e·s de l’usine, ont refusé ces propositions. Ils·elles ne croient ni à la régularisation de leur assurances sociales ni à la bonne volonté du Ministère du travail qui aurait annoncé avoir donné l’ordre à l’entreprise de payer les arriérés de cotisation. Les ou­vrier·e·s ont décidé de continuer à lutter en outre pour les tra­vail­leurs·euses arrêtés durant le mouvement de grève.

De nombreux salarié·e·s ont été forcés à reprendre le travail hier (25 avril) sous la pression de la police, comme le soutenait l’un d’entre eux «que faire d’autre lorsqu’un homme armé d’un bouclier, d’un bâton et d’un casque se tient à côté de vous». Plusieurs milliers d’entre eux·elles continuent cependant le mouvement. «J’ai travaillé ici durant 15 ans, raconte l’une d’entre elles, et je ne vais pas recommencer le travail tant que je n’ai pas reçu de véritables réponses à nos demandes. Beaucoup de mes collègues de travail sont des femmes?; ils pensaient pouvoir nous faire plier plus facilement, nous sommes ici pour leur prouver qu’ils ont torts». (cf. clb.org.hk) Le bras de fer continue?; le groupe a donné l’ordre de démonter les pointeuses afin de pouvoir licencier librement les travailleurs·euses encore en grève sans aucune compensation. 7

 

Stéfanie Prezioso