Des armes, encore et encore...

Les deux dernières semaines ont été fastes et intenses pour le complexe militaro-industriel helvétique.

Le régime des exportations de matériel de guerre a été massivement assoupli par le parlement pour enlever les obstacles aux exportations d’armes vers des régimes dictatoriaux ou des pays en guerre. Les restrictions introduites par le Conseil fédéral en 2008 pour contrer l’initiative du GSsA pour l’interdiction des exportations de matériel de guerre soumise au vote en 2009 n’ont pas fait long feu. Les ventes d’armes suisses à des pays comme l’Arabie Saoudite ou le Pakistan peuvent reprendre leur cours « normal ».

Ensuite, le gouvernement a présenté le programme d’armement de l’année : d’un coût de 771 millions, montant le plus élevé depuis 2008, abstraction faite des 3,126 milliards pour le Gripen. Alors que la grande « réforme » de l’armée reste floue, en matière d’effectifs et de budgets, le gros morceau du programme, 440 millions, ira pour 3200 nouveaux tout-terrains Mercedes.

Pour faire passer ces pilules, ainsi que la pièce maitresse qu’est l’achat des Gripen, les porte-­parole du complexe militaro-industriel mettent en avant les prétendues « garanties » pour l’emploi, pour la sécurité, pour le bien-être des Suisses que constitueraient une armée et une industrie d’armements bien dotées. «Une industrie de l’armement commercialement gagnante et la capacité d’autodéfense de la Suisse sont étroitement liées, […] cela renforce l’indépendance du pays» explique dans la Schweiz am Sonntag la conseillère nationale Corina Eichenberger (PLR/AG). Pour cette lobbyiste «La décision du parlement est un signal contre le démantèlement de places de travail suisses.?» Elle ne précise pas que les exportations de matériel de guerre ne représentent que le 0,4 % du total des exportations suisses.

Mais la grosse opération de marketing militaro-­industriel de l’année concerne les Gripen. La principale industrie d’armement suisse, la RUAG appartenant à la Confédération, a déjà admis qu’elle allait s’engager dans la campagne du 18 mai lors de débats et dans le cadre de la campagne de Swissmem, organisation de l’industrie des machines et métaux. Le fabricant suédois Saab a quant à lui déjà promis un contrat de 52 millions à la RUAG en cas de OUI ce 18 mai…

Le résultat du 18 mai s’annonce serré, une forte mobilisation sera nécessaire pour refuser ce projet absurde d’achat de nouveaux avions de combat.

 

Tobia Schnebli