Berne

Berne : Rassemblement massif, mais message poussif

Samedi 1er mars, 12 000 manifestants·e·s se rassemblaient à Berne en réaction au vote du 9 février. Une mobilisation rapide, réussie quant à son ampleur, décevante pourtant quant à son contenu politique et au message délivré.

Face au nationalisme xénophobe de l’UDC et consorts, on entendait en effet sur la Place fédérale opposer une sorte de « patriotisme inversé » de pacotille, vantant une Suisse, ouverte, forte, solidaire avec ses im-migré·e·s. Une Suisse où le soleil brille et où le seul gros problème, serait le « malentendu » des quelques pourcent ou dixième de pourcent d’élec-teurs·trices qui n’ont pas voté « juste » le 9 février.

Dans ce conte de fée-là, la dénonciation du dumping salarial réellement existant, des patrons–voyous, de la surexploitation et des problèmes croissants dans lesquels se débattent la majorité de la population… apparaît comme un cheveu sur la soupe, voire comme une déloyauté, confortant l’adversaire.

Bref… on était bien loin du bilan autocritique indispensable du point de vue de la gauche et du mouvement ouvrier. Ce message, avec un minimum de contenu de classe, était pourtant présent, quoique manifestement minoritaire, par exemple dans le tract distribué par la section genevoise d’UNIA qui a sérieusement mobilisé pour la manif et dont nous reproduisons le contenu ci-après. PV

 

 

 

«Nous sommes

les 49,7% »…

vraiment?

 

 

L’initiative « Contre l’immigration de masse » est passée parce que la propagande nauséabonde « contre les étrangers » tenus responsables pour la baisse des salaires, la pénurie de logement et les trains bondés a fait mouche. Et non seulement dans les zones périphériques, mais aussi dans les agglomérations urbaines où vivent des salarié·e·s précarisés. La « Suisse qui souffre » se laisse plus facilement convaincre par le discours nationaliste que par celui des syndicats.

Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’il s’agissait d’un vote sur la dégradation des conditions de travail. Une part grandissant des salariés considère que celle-ci est le résultat de la libre-circulation des personnes faisant fi des attaques patronales. Nous devons assumer la responsabilité de ne pas avoir réussi à rendre compréhensible une position qui défend le principe de la libre circulation sans se subordonner aux intérêts d’une industrie en quête de main d’œuvre à bon marché ni à défende les abus patronaux. Et ce ne sont pas les affiches donnant une image paternaliste des travail-leurs·euses immigrés qui ont réussi à rassurer les salarié·e·s.

A Genève, nous avons eu un langage clair en affirmant qu’il fallait «protéger les salaires pas les frontières», indiquant ainsi que les responsables de la dégradation des conditions de travail n’étaient pas les étrangers, mais les patrons. Ces mêmes patrons qui refusent de renforcer la protection des salaires en combattant farouchement l’initiative pour le salaire minimum.

Si nous voyons avec sympathie les mouvements d’indignation, nés le soir du 9 février, nous ne sommes pas « les 49,7 % » car une « autre Suisse » ne s’est pas exprimée dans ce conglomérat de partis bourgeois, milieux économiques et gauche politique qui a combattu l’initiative UDC.

Si nous voulons gagner à l’avenir, nous devons écouter et convaincre les salariés qui ont accepté l’initiative, en menant avec vigueur nos campagnes contre les abus patronaux, avec nos initiatives (pour un salaire minimum) et en intervenant dans le débat politique sans perdre de temps.

En confinant les précaires « de l’autre côté », celui des 50,3 %, avec l’UDC et le MCG, on ne peut que les convaincre d’y rester. 

 

Unia Genève