Israël et les Palestiniens

Israël et les Palestiniens : Pourquoi le droit international est-il important et quelles responsabilités en découlent?

C’est sur ce thème que, dans le cadre de l’Israeli Apartheid Week (IAW), BDS Genève et BADIL organisent le 19 mars une conférence avec Richard Falk et Ingrid Jaradat Gassner (v. encart). En effet, aujourd’hui la question du droit international est cruciale pour toutes celles et ceux qui soutiennent la cause palestinienne.

Bien que reconnu solennellement par les Etats membres de l’Organisation des Nations Unies, les droits à la liberté (fin de l’occupation), à l’égalité (droits identiques pour les Pa­les­ti­nien·ne·s vivant en Israël) et à la justice (droit au retour des réfugié·e·s palestiniens), n’en demeurent pas moins lettre morte. Car, en effet, le droit international ne s’applique pas de lui-même.

Sans volonté politique, il ne se réalise pas. Or, depuis bientôt 70 ans, cette dernière fait cruellement défaut. Jusqu’à ce jour, les grandes puissances, et en premier lieu les Etats occidentaux, se présentant comme des modèles de démocratie, ont laissé l’Etat d’Israël agir en toute impunité dans sa politique de discrimination et d’expulsion des Pa­les­ti­nien·ne·s. Tandis que les rassemblements, les meetings de solidarité et les lettres d’indignation ont contribué à sensibiliser la société civile occidentale à la cause palestinienne, les gouvernements, les entreprises privées et les institutions internationales (CERN, FIFA, etc.) n’ont eu de cesse d’apporter leur soutien politique, économique, militaire et/ou culturel à l’Etat d’Israël.

Ainsi, il est aujourd’hui urgent et impératif d’intégrer la question du droit international et des droits humains dans notre travail. Il incombe à la société civile de souligner les obligations qui découlent du droit international. A cette fin, 170 organisations de la société civile palestinienne se sont adressées aux ci­toyen·ne·s du monde pour demander un soutien. Ce soutien se traduit aujourd’hui par une campagne internationale centrée sur la question du respect des principes universels des droits humains et promouvant l’utilisation de moyens non-violents tels que le boycott, le désinvestissement et les sanctions, inscrivant ainsi son action sur l’un des terrains les plus sensibles pour l’Etat israélien. L’ensemble de la campagne BDS se positionne en effet sur une base légale qu’il est difficile de contester, à la fois juridiquement mais aussi moralement.

 

Une campagne qui marque des points

 

Aujourd’hui, la campagne lancée en 2005 par BDS commence à porter ses fruits et est de plus en plus perçue comme une menace par le gouvernement israélien. Suite à un travail assidu des militants BDS dans différents pays et auprès de l’Union européenne, plusieurs succès peuvent être relevés, par exemple :

 

L’Union européenne a dû enfin respecter ses propres directives. Ainsi, à partir de 2014, l’octroi de fonds à des entités israéliennes qui travaillent ou ont des succursales travaillant dans les TPO (territoires palestiniens occupés), Jérusalem-Est ou dans le Golan est interdit?;

Aux Pays-Bas, la deuxième plus grande caisse de pension, PGGM, a désinvesti son argent de cinq banques israéliennes en raison de pratiques qu’elle qualifie elle-même d’illégales et de non-éthiques. Toujours aux Pays-Bas, dans le cadre du respect de sa charte interne, la plus importante compagnie d’eau, Viten, a décidé de résilier son contrat avec l’entreprise israélienne Mekerot;

Au Canada, l’église protestante, United Church, a décidé de boycotter trois compagnies ayant leurs usines dans le TPO?;

Aux Etats-Unis, l’American Studies Association a voté le boycott académique des universités israéliennes.

 

Au niveau de la Suisse, le travail est d’autant plus difficile que les références au droit international et au respect des droits humains sont singulièrement absentes des contrats et des accords commerciaux bilatéraux. Le groupe BDS Suisse travaille cependant à mettre en lumière ces manquements et à engager la responsabilité du secteur privé et de la Confédération.

En élargissant la base de soutien de la campagne BDS auprès de celles et ceux qui se préoccupent des questions de droits humains et ou qui se battent contre toutes formes de colonialisme ou d’apartheid, nous sommes convaincus que nous avons aujourd’hui les moyens d’accroître la pression sur l’Etat d’Israël pour faire valoir les droits fondamentaux des Palestiniens et des Palestiniennes. Cet engagement est un engagement de longue haleine mais nous voyons qu’il porte déjà ses fruits.

 

BDS Genève & BADIL