Traversée de la Rade

Traversée de la Rade : 2x non au Grand Conseil

A mi-février, le Grand Conseil a voté deux fois non, tant à la traversée de la Rade proposée par l’initiative 152 de l’UDC, qui a pris une claque avec 62 non contre 31 oui, qu’au contre-projet de « grande traversée » du lac, prôné par le PLR et ses acolytes PDC, qui a été mis à mal par 59 voix contre 35.

Un double non, conforme à la position de solidaritéS et d’Ensemble à gauche (EAG), comme aussi de celle du PS et des Verts, qui l’ont voté en bloc de manière quasi unanime. Un résultat à saluer, vu les tentatives pressantes de l’Entente pour obtenir un soutien à son contre-projet présenté comme seul moyen de faire capoter l’initiative UDC.

 

La droite divisée

Certains prédisaient une gauche divisée, offrant les voix d’appoint nécessaires à l’Entente pour mettre son contre-projet sur orbite. Or, au contraire, la droite s’est divisée. PLR et PDC ont voté contre l’initiative de l’UDC, le refus de celle-ci par le parlement étant la condition nécessaire à leur « contre-projet ». L’UDC et son allié MCG se sont opposés au contre-projet pour maximiser les chances d’un texte qui ne tient guère la route et contre lequel les ha­bi­tant·e·s de la Ville se sont déjà de facto prononcés en votant l’initiative municipale Sauvons nos parcs au bord du lac, appuyée par EAG.

Pour le surplus, le débat n’a apporté aucune lumière nouvelle. Les sectateurs du Dieu-bagnole, des deux côtés de la question de la traversée du lac, grande ou petite, ont ressassé leurs arguments au service de leur variante préférée d’aspirateur à autos, offrant de larges prises aux réponses de celles et de ceux qui – à gauche – soulignaient le caractère irréaliste de la fuite en avant dans la construction d’infrastructures routières prétendant « résoudre » le problème des transports à Genève. Michel Ducommun, par exemple, sur les bancs d’EAG, a été éloquent à ce sujet, démontrant l’impossibilité « mathématique » d’atteindre le Saint Graal de la fluidité du trafic motorisé privé, tout en développant les transports en commun, sans parler des coûts de l’ordre de 5 milliards pour les deux variantes à la fois prônées par certains à droite.

 

L’essentiel reste à faire

Quoi qu’il en soit, si cette session du parlement a vu une claire victoire des positions de gauche, il ne faut pas se faire d’illusions, l’essentiel reste à faire : gagner le vote populaire, en ralliant tant les oppositions sur le fond, que celles liées aux aspects problématiques concrets de l’IN 152. La mission est possible, elle est surtout indispensable. Elle ne sera pas forcément facile. En face, le positionnement du TCS est là pour le rappeler. Il mérite qu’on s’y arrête.

D’abord, car ce lobby automobile confirme le leurre qu’aurait été le contre-projet. En effet, si au Grand Conseil la droite était poussée à se diviser, le double oui n’étant pas possible et le non à l’initiative étant la condition du contre-projet, en votation populaire ce n’est plus le cas. Ainsi, le TCS rappelle dans la Tribune : «En cas de décision du Grand Conseil de lancer un contre-projet, le TCS aurait milité pour le double oui; et à la question subsidiaire […] aurait préconisé le oui à la traversée autoroutière.»

Donc le TCS « soutient désormais l’IN 152 » qui selon lui « apporte une nette amélioration par rapport à la situation actuelle ». Dans ces conditions, l’opposition des partis de droite résistera-t-elle ? On peut se poser la question, d’autant que le TCS laisse entendre qu’il tentera de bidouiller la question posée. Il affirme en effet que : « Certains semblent sûrs de la rigidité absolue du texte de l’initiative, qui empêcherait toute adaptation de tracé… La question est plus complexe qu’il n’y paraît ; affaire à suivre ! »

 

Deux non pour le prix d’un

Or une initiative formulée, visant à implanter un article prérédigé de toute pièce dans la Constitution, qui désigne explicitement les points d’ancrage et d’autres aspects techniques de la traversée visée, ne saurait être « modulé » à la demande, ni avant (ni après) le vote populaire. Pour conserver l’esprit d’une initiative en l’adaptant, le législateur a bien prévu un mécanisme, mais c’est celui du « contre-projet ». Or cette cartouche-là a été tirée et c’est non. Quoi qu’il en soit, cette volonté « créative » du TCS annonce qu’il se battra pour tenter de rendre acceptable le projet absurde du duo UDC / MCG.

En effet, comme il l’écrit : «un non à ce projet aurait aussi un impact négatif sur la traversée autoroutière du Plan directeur cantonal, car du côté de la Berne fédérale, un vote négatif sera sans grand doute interprété comme un refus de toute traversée!» On en prend note et on travaillera au dit non !

 

Pierre Vanek